mardi 3 novembre 2015

BNP Paribas- Bourse- Forex:Vue Macro : L’art de maîtriser les attentes

Vue Macro : L’art de maîtriser les attentes

  • Les investisseurs de la côte Ouest considèrent l’extension du QE de la BCE au-delà de 2016 comme la mesure la plus importante
  • Le premier relèvement des taux de la Fed n’est plus l’enjeu principal. La suite de l’histoire importe davantage.
  • Apres la séquence de politiques économiques en octobre, le mois de novembre sera clé du point de vue des données macroéconomiques

Cette semaine, j’ai poursuivi mon périple pour rencontrer les investisseurs sur la côte Ouest des Etats-Unis. Les investisseurs américains souhaitaient discuter des implications de la récente conférence de presse de Mario Draghi. Draghi possède un bilan remarquable, il est constamment parvenu à maitriser les anticipations des investisseurs et a toujours délivré une politique au moins au niveau des attentes de marchés. Nous allons observer comment les anticipations des investisseurs vont évoluer au cours des prochaines semaines, mais je pense qu’il sera difficile de lutter contre la BCE avant la réunion de décembre. Les taux longs en Zone euro vont notamment sans doute baisser à court terme.

En effet, la stratégie de Draghi est extrêmement efficace car il a été le premier à appuyer sur la détente dans les pays développés sans pour autant fournir de détails précis sur la prochaine série de mesures de la BCE. L’un de mes amis me répète souvent : soit intelligent ou soit le premier à parler d’un sujet ! Draghi est intelligent et le premier à agir. Cela lui permet de gagner en visibilité sur sa stratégie. D’ici le mois de décembre, la BCE aura une vision plus claire sur l’économie et sera capable d’ajuster son programme. A mon sens, le principal ajustement est  l’extension du QE au-delà de 2016 car cela va certainement jouer comme un puissant ancrage des anticipations sur le fait que le BCE ne sera pas en mesure de stopper son QE pendant plusieurs années. Cela permettra à la BCE de maintenir un niveau très bas sur les taux obligataires et de protéger la zone euro de tout resserrement des conditions financières aux Etats Unis pour l’année à venir.
De son côté, la Banque du Japon a décidé de maintenir sa politique monétaire inchangée ce qui est décevant. Le débat sur des actions de la Banque du Japon n’est pas fermé mais l’attention des marchés devrait désormais se tourner vers la politique budgétaire à court terme. La réaction des marchés suite à la dernière réunion du comité de politique monétaire de la Fed a confirmé que le premier relèvement des taux de la Fed serait une nouvelle positive et cohérente avec des économies américaines et mondiales résilientes. Ainsi il n’y a pas eu de drame sur les marchés même si la probabilité de hausse des taux en décembre est montée à 50 %. Les données de l’institut IIF ont montré de faibles sorties de capitaux des pays émergents après le FOMC, très inférieures aux rentrées de capitaux en Octobre. La tendance continue d’ailleurs d’indiquer une stabilisation des flux de capitaux depuis déjà 6 semaines. Le première hausse des taux de la Fed ne semble plus l’enjeu des investisseurs : le rythme du resserrement de la Fed est désormais la question cruciale. Nous pensons qu’il sera très graduel.
Dans l’ensemble, après les annonces de politique monétaire en Octobre et la hausse du marché action, le mois de novembre sera clé pour les données économiques. En particulier, une amélioration de la dérivée seconde pourrait donner le signal que le pire de la récente détérioration est maintenant derrière nous. En effet, tout le monde sait que le niveau de l’activité économique n’a pas vraiment une bonne corrélation avec les marchés. Ce qui importe est de savoir comment les attentes des investisseurs réagissent aux points d’inflexion.
En Chine, l’effet de certains facteurs négatifs temporaires devrait maintenant disparaitre des statistiques. Par conséquent, nous devrions observer des signes de stabilisation du secteur manufacturier. Mon économiste chinoise, qui était en Chine cette semaine, m’a envoyé une photo montrant Pékin recouvert par un voile de pollution (voir plus bas). Il s’agit peut-être d’un indicateur précoce d’une légère amélioration de l’économie chinoise à court terme même si la réduction probable des surcapacités de production industrielle jusqu’ à l’été prochain va continuer de peser sur le secteur manufacturier mondial.
Dans les pays développés, tous les indices PMI ont récemment surpris le consensus à la hausse. Etant donné les résultats plutôt mitigés des indicateurs PMI, il me semble que cela reflète davantage un excès de pessimisme du consensus qu’un véritable point d’inflexion de l’économie. Ce qui importe désormais est de voir si la séquence de politique économique peut conduire ou être compatible avec un mini-cycle au cours des 12 prochains mois. Je pense que les consommateurs des pays développés seront la principale source de croissance et nous restons positifs sur l’économie globale en 2016. La question cruciale est désormais de savoir si cet élan de consommation sera capable de maintenir à flot le secteur manufacturier voire même de lui permettre d’accélérer.
Bonne semaine
Pierre-Olivier Beffy
Chef Economiste Exane _ BNP Paribas

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire