On ne sait pas où l’on va, mais on y va
Première journée de trading du mois de novembre et ça continue de monter. On se raccroche aux chiffres qui nous plaisent, on regarde ce qui nous intéresse, comme les chiffres du trimestre qui continuent à être « pas trop mal », on se satisfait des PMI’s en Europe qui sont «encourageants » et pendant ce temps on préfère détourner la tête des chiffres économiques américains qui sont loin de susciter la fête au village.
Sans compter que les rachats parmi continuent de cartonner, ce matin on apprend encore que KING, l’éditeur du fameux jeu CandyCrush, celui-là même qui vous a fait perdre toutes relations sociales pendant 8 semaines, le temps que vous arriviez absolument au niveau 212 en y laissant la moitié de votre salaire à coup de rachat de bonbons virtuels. King vient de se faire racheter par Activision pour la modique somme de 5.9 milliards. C’est des annonces comme celle-là et comme le merger de Pfizer et Allergan qui gardent également les investisseurs vivants.
Actuellement le Dow Jones est de retour en terrain positif pour l’année 2015 et le S&P500 est au plus haut depuis le mois d’août, même plus haut qu’avant que nous ne laissions tout tomber le jour de la rentrée scolaire. Encore 2% de hausse et l’on sera aux plus hauts de tous les temps.
La question se pose donc inévitablement : « les arbres peuvent-ils soudainement monter au ciel ? » – on aurait presque tendance à le croire tant rien ne semble vouloir faire ralentir les acheteurs.
Les prochains jours vont être critiques, car les chiffres économiques qui vont nous être délivrés seront la clé de la continuité de la hausse (et pour ce faire, ils ont intérêt à être VRAIMENT impressionnant), ou ça sera à nouveau le « reversal » tant attendu par les techniciens et autres analystes qui sont :
1) frustrés de ne pas avoir racheté en septembre
2) terrorisés de ne pas être short à l’exact instant où le marché se retournera
2) terrorisés de ne pas être short à l’exact instant où le marché se retournera
Comme hier, en lisant la presse financière, on nous prévient plus de la catastrophe à venir que la hausse actuelle. Cette année, on semble prendre plaisir quand ça va mal.
En tous les cas, en attendant, ça monte et rien ne semble pouvoir arrêter la marche en avant des bulls. Cependant, il faut reconnaître une chose ; les graphiques ressemblent de plus en plus à la trajectoire d’une balle que l’on a jeté très fort en l’air, ça monte très vite, puis ça ralenti, jusqu’à que la trajectoire s’inverse.
Dans le cas qui nous occupe, la trajectoire s’inversera quand la capacité de l’investisseur à supporter la hausse sera devenue inversement proportionnelle à sa satisfaction de voir l’économie aller mieux. En gros, en voyant les chiffres de l’emploi de vendredi, on va se demander si c’est mieux d’avoir les taux qui montent et les actions qui freinent ou est-ce que l’on ne préfère pas finalement une banque centrale qui est accommodante et qui nous aide à nous développer et à monter toujours plus haut.
Il faut tout de même poser le choix dans la balance : 0.25% d’intérêt en plus par année, ça ne va tout de même pas changer notre vie, alors que si on avait acheté King à 11$ en se faisant racheter à 18$ ce matin, on serait nettement plus riche avec une rendement qui n’a rien à voir avec la mendicité des bons du trésor…
Pour faire simple : en ce moment, ça monte. Ça monte surtout parce que l’on est psychologiquement bien disposé, mais après avoir psychanalysé le marché pendant plus de 20 ans, je peux vous dire qu’il est bipolaire et capable de passer du rire aux larmes dans la minute, mais ça, pas besoin de vous le dire. Par contre vous le rappeler de temps en temps ne peut pas faire de mal.
Du côté de l’or, on est en train de jouer avec la fonderie. Le métal jaune teste dangereusement les 1130$ et en cas de rupture en direction du sud, ça pourrait sacrément se compliquer. Pour l’instant, ça tient et tout va bien, mais attention quand même. Aaaahh, il est loin le temps ou l’or dansait au-dessus de la moyenne mobile des 200 jours il y a quelques jours et tout le monde pensait que le « coup sûr » de l’or à 5’000 c’était repartit comme en 40.
Le pétrole est devenu très simple à manœuvrer : vous achetez à 45$ et vous vendez à 50$… entre deux vous priez pour que les pays membres de l’OPEP ne s’envoie pas les assiettes à la figure.
Ce matin l’or est à 1137$ et le baril vaut 46.31$.
Dans les nouvelles du jour, on apprend que le scandale Volkswagen s’étend à Porsche et Audi, quelle surprise. Ils auraient aussi mis des logiciels sur les moteurs distribués dans le réseau. Mais quelle surprise.
La BCE est en train de recontrer tout ce qui compte comme banquiers en Europe, histoire de ne froisser personne lors d’une annonce quelconque de la part de Draghi. Comme ça on est certains que les insiders restent les insiders et les chèvres seront biens gardées.
Pendant ce temps et alors que la Saga Valeant continue – le titre est remonté hier parce que le type qui avait dit du mal a déclaré qu’à ces niveaux, il avait fait sont job, ensuite il est monté sur son cheval et est parti dans le soleil couchant en chantant « I’m a poor lonesome cowboy » – le titre est donc remonté d’un peu plus de 5%. Mais malgré tout cela, on oublie de pleurer à chaudes larmes les conséquences que cette panique aura pour des gentils hedge funds managers comme… tenez, au hasard ; Bill Ackman. Le pôôôvre Môôôôssieur il était long Valeant comme un cochon et en même temps, il était short Herbalife qui refuse toujours de partir en faillite pour « PonziScheme ». Au contraire, elle a même publié des chiffres pas trop mal et se balade proche des plus hauts de six derniers mois.
Bill Ackman a donc fait le grand écart et quand vous n’êtes ni entraîné, ni échauffé, ça fait mal, ça fait très mal. Le fond Pershing est en baisse de 19% pour l’année et 7.3% en octobre et la seule bonne nouvelle, c’est que les « rédemptions » ont cessé (il paraît). Bon, ils gèrent encore 15 milliards – à 2% par année de management fees, ça va aller. Ils devraient pouvoir payer encore le leasing de la Porsche.
Source : Northmantrader.com
Autre histoire de « on va tous mourir » – ce matin on nous a trouvé un nouveau graphique qui laisse entendre qu’il y a une figure de tête-épaules sur le S&P500. Une figure de tête-épaules, signifie que le marché est très haut, trop haut et que dès que l’on reviendra sur les niveaux de la ligne de cou, on va se prendre un double-whammy dans les dents et le marché va perdre l’équivalent de la hausse qu’il avait fait EN-DESSUS de la ligne de cou pour faire le balancier EN-DESSOUS de la ligne de cou.
En gros : c’est moche. Si le type qui a dessiné le graphique a raison ; tout d’abord si quand il se regarde dans la glace, si c’est la silhouette qu’il voit, il devrait consulter et vite. Mais si ces projections s’avèrent correctes, le S&P500 devrait se retrouver à 1600 sous 12 mois maximum…
Dans la série « les charts qui font peur », il y en a un qui compare les mouvements des marchés émergents et du S&P500. En août, lorsque nous nous sommes pris les pieds dans le tapis, les émergents avaient baissé un peu avant et créé une divergence que l’indice S&P avait eu tôt fait de combler en déclenchant le sell-off que nous connaissons tous.
Eh bien bonne nouvelle !!! On remet ça, les émergents baissent depuis quelques jours, mais le S&P n’a pas encore réagit !!! Quel bonheur.
Bon, la bonne nouvelle dans tout cela, c’est que si tout le monde commence à nous prévenir que ça va mal se passer, c’est qu’il risque bien de ne rien se passer du tout.
Autrement, les gourous sont de sortie, hier Marc Faber nous a annoncé que nous sommes dans une bulle. Là aussi, quelle surprise. Et puis l’ancien patron de chez Pimco, El-Erian, voit un risque de 30% d’avoir une récession en 2017, mais mis à part ça, il prévoit une météo clémente sur la Californie pour le week-end, il y aura bien quelques passages nuageux le matin, mais ils devraient se dissiper avant l’heure du lunch.
On notera aussi que Visa a racheté Visa Europe pour 23 milliards et publié des chiffres pas terribles pour le trimestre. Mais le Barron’s pense que c’est une très bonne idée stratégique. Le Barron’s pense également que le titre AVIS, peut doubler sur 2 ans et ils nous proposent de jouer le « rally sur Alibaba », le momentum rally, parce que je rappelle tout de même que, pour le Barron’s, Alibaba, c’est fondamentalement de la daube…
Côté chiffres économiques, nous aurons le chômage en Espagne, le Construction PMI à Londres, le Redbook aux USA, puis les factory orders et les ventes de voitures.
Pour le moment les futures sont en baisse de 0.05% -autant dire qu’il ne se passe rien et l’Euro/$ est à1.1019, le yen est à 120.69, le Bitcoin est à 344$, le rendement du 10 ans est de 2.17%. Quant à l’Euro/Suisse, il vaut 1.0876.
Voilà, c’est tout ce qu’il y avait à dire ce matin. Je vous souhaite une belle journée et à demain.
Thomas Veillet
Investir.ch
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