Les marchés sont fatigués. Les intervenants pensent qu’ils savent tout ce qu’il y a à savoir sur l’économie et sur les futures décisions (ou pas) des banques centrales et on dirait que plus personne ne veut rien faire. Tout le monde est en « séance » plus personne ne répond au téléphone et personne n’offre vraiment de solution sur la suite des évènements. On prend les jours les uns après les autres et on espère qu’au milieu de la journée, une lumière va descendre du ciel et nous montrer le chemin à suivre et qui sait, peut-être nous communiquer l’asset allocation parfaite, nous donner la réponse à toutes nos questions, nous offrir la liste de ces fameuses obligations AAA qui donnent un rendement de 5% – avec une duration courte ou peut-être que l’on connaîtra enfin la formule mathématique qui permet de gagner en bourse à tous les coups.
En attendant, c’est tout mou. Le marché est comme de la gélatine et il y a une espèce d’inertie molle qui rend le choses ennuyeuses et qui nous empêche de faire de l’investissement plus loin que la clôture de la journée en cours. Dans cette chronique, j’ai souvent utilisé l’image du poisson qui tourne en rond dans son bocal pour imager le concept de « la mémoire du poisson rouge ». Je crois que nous sommes en plein dedans. Vous pouvez acheter des actions pour la journée, mais je crois que personne, aujourd’hui, n’est disposé à entendre parler d’investissement long terme, puisque l’on à tous l’impression que tout va s’arrêter au lendemain du 16 décembre 2015, après le meeting de la FED et la première hausse des taux depuis des années.
En attendant, la journée aura été placée sous le signe de la bière, puisque Anheuser-Busch Inbev a officialisé définitivement son achat sur SABMiller pour 106 milliards. Dans la foulée, SABMiller a vendu ses 58% de participation dans MillerCoors à son partenaire Molson. Cette vente était nécessaire pour obtenir la bénédiction des autorités américaines. Et puis, dans la foulée et sans aucune connexion avec l’affaire BuD-Miller, Carlsberg a pris 6% à la hausse pour fêter l’annonce de 2’000 licenciements dans le but d’améliorer sa profitabilité.
On a aussi pu constater que le secteur pétrolier s’en est pris plein la figure. Encore. Puisque le baril continue de baisser, pressé à la baisse par les déclarations de l’EIA qui pense que le baril ne remontera plus jamais – jamais étant la limite de 2020. Hier, on retiendra que Marathon Oil et Cabot Oil se sont fait allumer et perdaient près de 8% chacune. Les dommages collatéraux sont énormes dans le secteur.
Les ventes de détail ne sont pas aux mieux. Et cela malgré les déclarations de la FED qui laisse supposer que le consommateur compte bien augmenter sa consommation en ce moment. Visiblement ce n’était pas le cas ces derniers mois ou alors ce n’était pas aux USA. Après les mauvais chiffres de GAP et de Banana Republic, c’est autour de Macy’s d’annoncer qu’ils baissent leurs attentes pour l’année, que leurs ventes pour le troisième trimestre n’étaient pas bonnes et que, finalement, ils ne feraient pas le spin-off (tant attendu) de leurs possessions immobilières. Le titre perdait 14% pour fêter la nouvelle.
Et puis hier Monsieur Draghi a parlé. Il a parlé énormément en faveur de « l’Union des Banques », d’une régulation forte et commune à toutes les banques pour que le système bancaire en Europe soit plus fort, plus efficace, sous la supervision de la BCE – et, au vu des origines professionnelles de Monsieur Draghi – sous la surveillance de Goldman Sachs – bref, il a fait un magnifique blabla sur l’avenir des banques et comment elles doivent travailler main dans la main et qu’elle doivent toutes s’aimer très fort à la fin, par contre, et cela n’aura échappé à personne, IL A OUBLIÉ de parler politique monétaire… Et dire que l’on était venu que pour ça… Quelle déception.
En gros Draghi a présenté le dernier film de Walt Disney : « les banquiers sont nos amis » et il a oublié de nous parler de le prochaine production des studios de la BCE : « Mario, le retour de la vengeance du QE » qui devrait sortir en salles courant décembre.
Le pétrole est en mode sauve-qui-peut-on-coule et est passé sous les 43$ hier. Ce matin il remonte prendre de l’air en surface et traite à 43.14$ – pour le moment. Et l’or est à 1087$ ressemble plus à un ex-parrain de la Mafia qui a les pieds dans le béton, juste avant d’être jeté dans l’Hudson River. Ce matin le métal jaune est de moins en moins brillant.
Ce matin en Asie on a appris que les Australiens ont créé 4 fois plus de jobs que les analystes attendaient. Soit c’est les mêmes qui faisaient les projections pour les chiffres de vendredi passé, soit ceux qui ont fait les calculs de projection, ont utilisé les mêmes fichiers excel que les tocards du gouvernement américain. Toujours est-il que l’on attendait 15’000 nouveaux jobs et c’est sorti à 58600… De la faire un lien avec le fait que le Nikkei ne fait rien ce matin, il n’y a qu’un pas. Un pas que je ne franchirai pas. Hong Kong monte de 1% et Shanghai perd le même pour cent.
À propos de la Chine, ce matin il y a un type qui a écrit un article pour expliquer pourquoi le marché chinois est À LA FOIS dans un BULL MARKET – depuis le mois d’août et EN MÊME temps dans un BEAR MARKET – depuis le mois de juin. Et pour comprendre la réflexion du Monsieur, il vous faudra également acheter la dernière édition du mensuel « Psychologie Magazine » avec Hannibal Lecter en couverture et le titre qui dit « Je suis Bipolaire et j’en suis fier – ou comment j’ai mangé mon psy ».
Dans les nouvelles du jour, c’est très maigre. On notera que Buffet et Ackman se tirent dessus par médias interposés, « la bataille des milliardaires » comme ils disent. Visiblement, ils n’ont que ça à faire et ça les occupe. Pendant ce temps, toujours au sujet d’Ackman, certaines voix s’élèvent pour dire qu’il devrait être poursuivit pour « insider trading » suite à l’échec du take-over de Valeant sur Allergan. Si cela devait se produire, on pourra dire qu’il a eu une année pourrie.
Autrement, Jim Cramer a démonté le rapport négatif du Crédit Suisse sur Apple. Je rappelle qu’il y a 48 heures, l’analyste du Crédit Suisse avait estimé que les ventes d’iPhone’s étaient en baisse suite à des rapports provenant de Chine qui laissaient supposer que les commandes de semiconducteurs étaient en baisse. Cramer n’y croit que moyennement et recommande de conserver le titre, de le « détenir » et de cesser de vouloir « trader Apple ».
Selon le Barron’s, le rallye sur GE devrait continuer. Cette prédiction est basée sur les positions des traders sur options, et puis le journal prédit que les « coup de main » des banques centrales ont la possibilité de faire monter encore le marché US de 5%.
Côté chiffres économiques, nous aurons le CPI Allemand et Français, la production industrielle en Europe, les Jobless Claims aux USA, ainsi que les inventaires du pétrole et pas mal de types la FED qui vont parler. Et puis, parmi les publications trimestrielles de la journée, nous aurons CISCO. Ce qui veut dire que la saison est terminée.
Pour le moment les futures sont en hausse de 0.3%. L’Euro/$ est à 1.0754, le Yen plie mais ne se rompt pas, il est à 122.91, le Bitcoin s’échange à 324$ et le rendement du 10 ans US est de 2.33%. Et pendant ce temps-là, l’Euro/Suisse se traite à 1.0792 et le $/Suisse est à parité.
Mis à part vous dire que nos pauvres fonctionnaires genevois sont encore en grève ce matin. Et que c’est vraiment pas facile pour eux. Ceux qui vont travailler vont encore se faire plaisir dans la circulation genevoise, nettement améliorée par les grèves et autres défilés à deux balles..
Je préviens que je me mets en grève des impôts… pendant trois jours. Puisque mes impôts servent à payer les fonctionnaires qui ne bossent pas, je pense qu’il n’est plus nécessaire que je les paie… Ou me trompe-je ???
Mis à part, je vous souhaite une belle journée d’embouteillage à tous. On se retrouve demain pour conclure la semaine, en attendant, très bon petit déjeuner et à demain !!!
Thomas Veillet
Investir.ch
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« C’est quand même bizarre que, quand les fonctionnaires sont en grève, on appelle ça une «journée d’action».
Anne Roumanoff
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