mardi 23 février 2016

Sans le pétrole, nous ne sommes plus personne Par Thomas Veillet · Le 23 février 2016

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CHRONIQUE MATINALE0

Sans le pétrole, nous ne sommes plus personne



Il y a des jours où l’on ferait mieux de rester couché. Non pas parce que le marché est pourri en ce moment, mais tout simplement parce qu’il n’y a pas grand-chose d’original à dire et que mis à part la Chine qui monte parce qu’on va changer le responsable de la réglementation des marchés financiers et le reste du monde qui monte parce que le pétrole prenait 6% alors que soudainement la production semble ralentir et que l’on espère toujours un miracle en provenance des pays producteurs, pour être franc avec vous, on serait resté au lit hier, ça n’aurait pas changé grand-chose.
Goldman Sachs et l'état de l'Europe - cliquez sur l'image pour accéder à l'article
Goldman Sachs et l’état de l’Europe – cliquez sur l’image pour accéder à l’article
Pour faire simple, l’Europe termine au plus haut depuis trois semaines, les USA aussi et le truc qui fait le plus peur, c’est que le DAX et le S&P500 semblent avoir terminé tous les deux juste en- dessous de leurs résistances. Tout le monde regarde les niveaux des 1947 sur le S&P500 comme étant la prochaine barrière à franchir avant d’aller voir les 2’000 points à nouveau, mais vu ce que l’on a utilisé comme carburant pour venir jusque là, il va falloir un peu plus que des mots de la part des Banquiers Centraux ou un peu plus que des rumeurs pour faire monter le pétrole.
D’ailleurs ce matin les futures sont en baisse de 0.4%, laissant supposer que soudainement, on est moins motivé à acheter tout azimut et que pour que le rallye continue, il va nous falloir du concret. Le temps des spéculations semble arrivé à terme.
Le DAX termine également à 9574, soit à quelques encablures de la résistance des 9600.
Si l’on regarde un peu plus loin que la façade, à l’intérieur des marchés, les mouvements restent relativement violents. Hier, alors que le pétrole remontait de plus de 6%, le secteur « énergie » se faisait la part belle, et une fois de plus, c’est les compagnies les plus massacrées ces derniers mois qui reprenaient le plus fort. Au hasard, on ne citera que Chesapeake Energy qui montait de 20% ou encore Freeport McMoran qui grimpait de 14.6%. Et ces hausses n’étaient pas dues à des spéculations de take-over ou des résultats meilleurs qu’attendus, non, c’est simplement parce que le pétrole montait. En Europe c’était pareil, très belle journée pour Total, Seadrill, Tullow Oil et la folie gagnait également le secteur des métaux, avec Anglo American (+10%), Rio Tinto (+8%) ou encore ArcelorMittal (+7%).
Pour faire simple, hier il fallait être dans les pétrolières en détresse ou dans les métaux, c’était là que l’action se passait.
Nous voilà donc à un point critique du rebond de ces derniers jours. Alors que tout le monde tremblait de peur à 1812, support qui est en train de devenir aussi mythique que les 666 d’il y a quelques années, aujourd’hui, tout le monde se demande où est-ce que l’on va trouver l’énergie et la puissance pour donner le dernier coup de rein et passer la frontière des 1947 points sur le S&P500.
Une chose semble certaine, c’est du côté macro que cela va se passer, et ça tombe bien puisque dans les jours à venir nous allons avoir passablement de données économiques du type GDP, qui nous permettront de voir s’il y a un semblant de croissance dans un pays quelconque…
recesseionAutrement, on peut toujours fantasmer sur le fait qu’un des trois « Usual Supects » (Kuroda-Yellen-Draghi) va nous faire un truc, mais pour être franc avec vous, j’en doute fortement. J’en doute fortement parce que ces dernières années, la triplette magique s’est surtout abstenue d’agir quand le marché ne baissait pas. On l’a bien vu ces derniers jours avec les derniers commentaires « positifs » de Draghi. Il vient causer uniquement quand le marché est en détresse et il paraît peu probable qu’il intervienne pour permettre à un indice de casser une résistance. Son boulot, pour le moment, et avec les pouvoirs qu’il a, c’est d’empêcher le marché de casser les supports. Pas les résistances.
De plus, en ce qui concerne l’armement dont dispose Mario Draghi, je crois que le plus fiable et le plus utile, reste son vocabulaire et ses qualités d’orateur-boute-en-train. En effet, je n’ai pas fait tous les calculs, mais à l’œil, chaque fois qu’il nous a sorti Whatever-it-takes, un Will-act ou un « no limit », le marché est monté… Et il est monté probablement plus que ce qu’il n’est monté avec le QE. La hausse grâce aux paroles a un gros avantage, ça ne coûte rien.
En conclusion, pour que le rallye continue et perdure, il nous faut :
1) soit l’aide concrète des banques centrales, mais ça à l’air compromis dans les 48 prochaines heures
2) soit des chiffres économiques transcendantaux d’ici la fin de la semaine… et je doute que l’Allemagne affiche une croissance délirante en ce moment
3) soit le pétrole monte de 50% parce que les pays de l’OPEP se sont enfin mis d’accord, ce qui entre dans le domaine de la croyance populaire et de l’espoir délirant d’un troupeau de bulls en folie.
Tout ça pour dire que l’on est peut-être arrivé au bout du mouvement. Pour l’instant.
Ce matin l’Asie est dans le rouge, comme les futures. C’est encore du rouge clair, avec le Japon en baisse de 0.10%, Hong Kong de 0.52% et la Chine qui recule de 1.2%, mais c’est négatif et comme le disent les médias ce matin ; le sentiment est en train de tourner à la prudence. Et dans les marchés, prudence veux dire : « au secours, faut tout vendre, laissez-moi passez avant les femmes et les enfants !!!!!! », forcément ça pèse un poil.
Autre sujet du moment, le BREXIT. Ça n’intéresse que les Anglais et les Européens dans une moindre mesure, mais depuis que le débat fait rage à Londres, la Livre se fait démonter. Ce matin, la monnaie chère à George Soros est au plus bas depuis 7 ans. Et si l’on regarde un graphique sur le long terme, il vaudrait mieux que le Sterling n’ait pas voir sous les 1.40, au risque de le perdre définitivement.
love qeLe pétrole est à 31.43$, l’or vaut 1221$, l’Euro/Dollar est à 1.1044, le Yen se traite à 112.34, la Livre est à 1.4117 – au bord du gouffre – le $/Suisse est presque de retour à 1, il s’échange à 0.9960 et le Bitcoin vaut 435$. Pour le reste, merci la BNS, l’Euro/Suisse est à 1.10 et le rendement du 10 ans US est à 1.73%.
Dans les nouvelles du jour, on parle du BREXIT en long et en large, le FT fait d’ailleurs la liste des conséquences économiques en cas de sortie de l’Europe. BHP Billiton coupe son dividende pour la première fois en 15 ans et fait face à une perte de 5.7 milliards. Bill Gates est en faveur du FBI dans le combat Apple-FBI. Il pense que les sociétés technologiques doivent coopérer avec les autorités en cas d’enquête.
Mais alors ? Elle sert à quoi la NSA ???? Moi je croyais que les autorités se servaient déjà depuis longtemps dans nos données « confidentielles » et là on veut nous faire croire que la NSA n’arrive pas à craquer un iPhone ???
Le Barron’s aime Synchrony, pense que l’Amérique du Sud va peser sur la croissance mondiale et que le rallye sur le cuivre peut donner un coup de main au marché. À côté de cela, FitBit a publié des chiffres pourris hier soir et le titre se faisait décalquer au hors-bourse, abandonnant près de 13%. Rallye ou pas rallye, les sanctions en cas de déception sont toujours énormes…
Côté chiffres économiques, nous aurons le GDP Allemand qui sera publié 8h ce matin, heure de Fully, il y aura également le German Business Expectations, le French Business Survey. En fin de matinée le patron de la Banque d’Angleterre va parler, juste avant celui de la BNS. Puis cette après-midi, aux USA, nous aurons le Redbook et les ventes de maisons existantes ainsi que le Richmond Manufacturing Index.
Voilà, je crois que c’était tout ce qu’il y avait à dire ce matin. On dirait que l’on est au bout du mouvement haussier de ces derniers jours et la place est à nouveau aux commentaires « prudents » ou « cautiously optimistics ». En attendant de voir comment on s’en sort, je vous souhaite un excellent début de journée, un très bon café et à demain !
Thomas Veillet
Investir.ch
« La chose la plus difficile est de n’accorder aucune importance aux choses qui n’ont aucune importance »
Général De Gaulle
Serge Poznanski

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