Avant toutes choses, je tenais à vous dire que je suis désolé. Je m’excuse. Non, vraiment. Il y a 24 heures je vous disais que tout se résumait au comportement du prix du baril, et ce matin c’est pire.
Encore une fois, la journée se résume à un tracking point par point des mouvements du prix du baril et puis c’est tout. Le reste n’est qu’anecdotique.
C’est triste, mais les marchés ne regardent plus que ça. Que ce soit aux USA ou en Europe, on ne se concentre que sur le prix du pétrole et ses périphériques à savoir ; les inventaires et les différents ministres des différents pays producteurs qui pourraient avoir des velléités à bosser ensemble pour couper la production et tuer tous les shorts qui pensent encore que la baril va à 20$.
Autant la journée de mardi était connectée au cours du brut, autant hier c’était pire.
Au début de la journée en Europe, le pétrole était au plus mal. Le baril valait entre 30.75$ et 31$. Toute la journée le cours était plombé dans cette zone-là, subissant les assauts des vendeurs sans rien ne pouvoir y faire. Dans la foulée, l’ensemble des marchés Européens se sont fait décalquer, le DAX perdait 2.64%, le CAC 1.97% et sauvait de justesse son support des 4150 en clôture, quand au Sud de l’Europe, c’était pire – comme d’habitude – puisque Madrid se prenait 3% dans les gencives et Milan 2.6%.
La raison pour cette faiblesse était donc largement et unanimement attribuée au prix du baril et puis c’est tout.
Dans ce marasme pétrolier ambiant, les USA n’ont eu d’autre choix que de faire pareil ; ouvrir en baisse dans la déprime totale. De plus les publications du Markit PMI, laissait supposer que le USA pourraient être en contraction en ce début d’année, puisque le chiffre sortait sous les 50, à 49.8 – heureusement ce n’est qu’un indicateur « immédiat » – il y a donc encore un peu d’espoir – mais c’est la première donnée officielle qui laisse supposer que la récession aux USA, n’est peut-être pas seulement un fantasme de film d’horreur de troisième catégorie.
L’ambiance était donc moyennement euphorique à quelques minutes de la clôture en Europe. Et ce n’était une surprise pour personne, puisque 110% des intervenants avaient identifié la résistance technique des 1947 sur le S&P500 depuis lundi soir et l’on savait – à ce moment très précis – que le rallye de ces derniers jours était terminé et que la correction était en place.
Sauf qu’à ce moment très précis, les chiffres des inventaires pétroliers ont été publiés. Et peu importe ce qui a été publié, sachant que ces données sont à peu près aussi fiables que la parole donnée d’un politicien qui vous dit : « faites-moi confiance », ce qui est important, c’est que le marché a interprété ces données comme étant « bullish » pour le pétrole.
Résultat, le baril est reparti à la hausse comme un seul homme pour remonter à 32$, là où il se traite actuellement.
Comme le reste du monde ne regarde plus que ça tous les indices remontaient dans le sillage du baril. Comme c’est original. Le baril est encore une fois le poisson pilote de la finance mondiale et puis c’est tout.
Le seul truc marrant, c’est que, du coup les marchés US terminaient en hausse et que ça casse un peu le plan qui se déroule sans accroc, puisque depuis lundi soir on savait que l’on ne pouvait que baisser pour aller re-tester les plus bas de ces dernières semaines et que là, du coup, on doute. Et le doute, on n’aime pas dans le monde merveilleux de la finance. On n’aime pas quand le vilain Môssieur Marché n’en fait qu’à sa tête que l’on ne sait plus quoi penser sur nos scénarios polissés dans grandes écoles.
Vous voyez, le résumé d’une journée de bourse est assez simple ; vous suivez le pétrole et c’est tout. C’est simple, mais qu’est-ce que c’est ennuyeux, c’est phénoménal. Déjà que personne ou presque ne comprend pourquoi le pétrole bouge, autant vous dire que comprendre pourquoi les actions bougent en suivant le pétrole alors que l’on n’a pas encore compris pourquoi il bouge, révèle de la gageure la plus totale.
L’or est à 1233$ et ce matin l’Asie est partagée. Le Japon remonte de 1.85%, Hong Kong se plante de 1.23% et Shanghai se vautre de plus 3.5%, mais c’est pas grave, puisque l’indice avait fortement accéléré en clôture la veille, espérant un nouveau stimulus hypothétique de la Banque Centrale. Pour faire simple, ce matin on éponge juste les excédents. Et pour ceux qui cherchent absolument un justification plus « économique », on pourra dire que « comme le G 20 commence demain à Shanghai, il y a des pressions vendeuses qui se dessinent sur la Chine. Ça ne veut strictement rien dire, mais ça fait super-pro. D’ailleurs le FMI a dors et déjà demandé au G-20 d’agir pour « booster » la croissance.
La question que l’on peut donc se poser, c’est : à quoi ça sert de demander au G-20 de booster la croissance mondiale alors qu’ils sont tous en train de cirer les pompes parmi et que lors de 22 précédents meetings, ils ont été incapable de faire croître autre chose que leurs notes d’hôtel aux quatre coins du monde ?
Mais ça c’est mon côté « mauvaise langue ».
Pour les nouvelles du jour ; la plus importante et la seule qui compte ce matin, c’est que le baril vaut 31.95$ – ah non, tiens.. 31.96$… Le reste on s’en moque comme de notre première cravate Hermès et à moins que l’on nous annonce que l’on a découvert du pétrole à Bourg Saint-Pierre, il n’y vraiment rien d’autre à faire que suivre minute par minute le comportement du baril, lui suçant la roue, tel le cycliste moyen qui tente de prendre l’aspiration de son prédécesseur.
Côté chiffres économiques, nous aurons le climat de consommation en Germanie, climat qui sera évidemment tout pourri comme tout ce que publie l’Allemagne depuis des mois. Le GDP Espagnol, ainsi que le PPI. Les commandes industrielles en Suisse, la confiance du consommateur en Italie et le M3 + CPI en Europe. Les Anglais publieront leur GDP également et l’on pourra faire des projections dessus en cas de BREXIT.
Pour le moment les futures sont en hausse de 0.03% – de la folie – l’Euro/$ est 1.1030, le yen vaut 112.50, la Livre est en perdition à 1.3935, le Dollar/Suisse vaut 0.9889 et le Bitcoin vaut 419.50$. Pendant ce temps-là, le rendement du 10 ans est de 1.74% et l’Euro/Suisse est en chute libre à 1.0907 – Depuis que Jordan a dit que la « politique monétaire portait ses fruits », ça baisse. Je ne sais pas de quels fruits il parlait, mais ils doivent être fermentés.
Voilà, je ne vais pas vous retenir plus longtemps, je vais vous laisser vaquer à vos occupations favorites, à savoir suivre le prix du baril en « tick by tick ». En attendant qu’il se passe un truc bien sur les marché ET surtout, un truc intéressant, je vais aller me shooter à la caféine histoire de ne pas me retrouver avec les lettres « ASDFGHJKL » imprimées à l’envers sur le front parce que je me suis endormi sur mon clavier.
Je vous souhaite une excellente journée et je vous dis à demain. Sauf que si demain, je vois que le marché a perdu 1.4% parce que « le baril a baissé, alors tu comprends, fallait tout vendre.. tu vois comment ? », je retourne me coucher et je vous renvoie la chronique d’hier.
Que la force du pétrole soit avec vous et que le règne du baril continue.
À demain.
Thomas Veillet
Investir.ch
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