lundi 22 février 2016

La question est «et qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » Par Thomas Veillet · Le 22 février 2016

Comme tous les lundis matins, ce n’est pas simple d’y retourner. Surtout après la meilleure semaine de 2016 – ce qui fondamentalement n’est pas très difficile étant donné ce que nous avons vécu depuis 7 semaines. Le rebond est donc « alive and kicking », même si, pour être franc, personne n’est vraiment convaincu de sa viabilité et ceci depuis le premier jour.
Nous sommes donc en droit de nous demander à quelle sauce nous allons être mangés maintenant. Rien n’a fondamentalement changé, les raisons pour lesquelles nous nous sommes retrouvés au bord de la fin du monde il y a dix jours sont toujours belles et bien présentes et pourtant, sans que Madame Yellen ou Monsieur Draghi ait pu y faire quelque chose ou même y apporter la moindre aide concrète, le marché est remonté et se trouve plus ou moins déjà sur des zones que l’on qualifiera de première résistance dans cette nouvelle tendance descendante dans laquelle nous nous sommes inscrits dès les premiers jours de 2016.
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Le problème c’est que le pétrole est toujours aussi schizophrène et peut partir dans tous les sens à une vitesse que l’on qualifiera de supersonique. Et actuellement, bien malin qui pourra dire quelles seront les raisons qui le feront partir dans un sens ou dans l’autre. Nous sommes tous convaincus que la production est trop forte par rapport à la consommation et la plupart des « experts » en la matière maintiennent leur objectif à 20$, mais en même temps et on l’a bien vu la semaine dernière ; le moindre écart de langage de la part d’un membre de l’OPEP peut faire partir le baril à des niveaux inouï, dans un sens ou dans l’autre.
Pour le moment, il semblerait que nous ayons trouvé un point d’équilibre dans la région des 30$ (à plus ou moins 15%), mais il suffirait que l’Arabie Saoudite nous exprime ses désirs en direct sur CNBC pour que le baril s’envole en 30 secondes et valide du même coup une économie mondiale florissante, puisqu’on le sait dorénavant : pétrole qui monte est égal à économie euphorique. Le contraire étant également valable, mais on préfère le dire discrètement. Conclusion ; rien n’a changé côté baril et tout peut arriver. Comme d’habitude en somme…
En ce qui concerne une des raisons pour lesquelles nous sommes pétris de doutes à l’heure actuelle, alors que 2016 devait être une mer d’huile ennuyante au possible avec des hausses de taux à répétitions, c’est l’état économique de la Chine. On le sait depuis plus de 12 mois aujourd’hui ; ça ne croît plus autant qu’avant – bien que certains pays européens se contenterait d’un quart de la croissance chinoise pour en faire son programme de campagne électorale – néanmoins nous nous posons plein de question sur la suite des évènements et surtout, comment est-ce que ça se passe par là-bas, puisque pour être franc, certains rapports sont contradictoires. Néanmoins, en ce moment, on n’en sait pas plus qu’il y a un an, mais une chose est certaine, on n’aime pas quand on nous rappelle que la Chine ralentit. Et une chose est sûre ; à l’heure actuelle, rien n’a changé par rapport au début de l’année. Ce qui nous a valu, je le rappelle, une correction massive.
Et puis il y a l’état de l’économie américaine et la justification de la continuité de la hausse des taux. Voir même pire, la possibilité qu’il soit reconnu devant le Congrès et sur le plateau de CNBC que la première hausse des taux enclenchée par Madame Yellen au mois de décembre eut été une erreur monumentale de sa part. Puisqu’il y a encore quelques jours on disait même que la FED pourrait ou devrait se résoudre à passer en taux négatifs. Bien que Madame Yellen elle-même ne sache pas si cette possibilité soit légale dans la constitution fédérale. En conclusion, là non plus nous ne sommes pas plus avancés qu’avant et des preuves supplémentaires sont nécessaires.
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JUGLINFinalement, il nous reste le problème des banques. Ça, c’est plus délicat, car après l’affaire de la Deutsche Bank il y a dix jours, où soudainement tout le monde s’est demandé si le système n’était pas dans une crise de liquidités comme celle de 2008, voir pire, par un judicieux tour de magie, la Deutsche Bank a lancé un plan de rachat de sa dette et le tour était joué, tout le monde trouvait à nouveau ça hyper-tendance de faire confiance aux banques. En même temps, ce n’est pas que nous ayons le choix, si cette partie du château de cartes s’effondre, le reste va suivre rapidement. Mais pour être franc, s’il y a la moindre possibilité que ce problème soit bien réel, ce n’est pas le tour de passe-passe de la Deutsche qui parviendra a dissimuler le cadavre, tout cela reviendra à la surface et ce jour-là ; méfiance. Il faudra peut-être envisager d’avoir une cabane de chasse tout en haut dans la montagne pour aller se planquer et tenter d’éviter les conséquences.
Tout ça pour vous dire que l’on a bien rebondit mais que RIEN DU TOUT N’A ÉTÉ réglé, les raisons qui nous ont fait baisser sont toujours bien présentes et soit soudainement on s’est rendu compte que ce n’était pas si grave d’avoir le pétrole à 30$ et la Chine en panne et les USA en panne et les banques toutes pourries de l’intérieur, soit il y a tellement de cash qui se balade là dehors qu’il faut bien trouver un moyen de l’investir et de le laisser sur un compte à la BNS pour que Jordan vous ponctionne un intérêt juste pour que vous le regardiez compter vos billets ne semble pas une alternative séduisante. En tous les cas pour le moment.
En conclusion, nous sommes exactement au même point que là où nous étions le premier janvier, sauf qu’entre deux, on s’est balader dans tous les sens, un peu à l’image de quelqu’un qui tenterait de monter un col enneigé avec une voiture a propulsion.
La question « et qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » est donc plus que légitime.
Dans les nouvelles du jour, on parle beaucoup du BREXIT, sachant qu’il y a 48% d’Anglais qui veulent rester – on se demande bien pourquoi – reste à convaincre encore 3% pour que l’Europe reste l’Europe. Bien que l’on soit tenté de plus en plus, de se demander à quoi ça sert.
Bush Junior ne sera pas le troisième Bush Président. Le frère de l’autre a stoppé sa campagne. Dommage, on se réjouissait déjà de pouvoir rire de ses bons mots. La bonne nouvelle, c’est que Trump a l’air bien parti pour nous faire rire.
HSBC a raté son trimestre, mais augmente son dividende et coupe les salaires de son top-management. Le Barron’s fait part de sa théorie qui voit le GDP US en croissance de 3% et l’Asie est en liesse ce matin. Le Nikkei est en hausse de 1% et des poussière, Hong Kong pareil et Shanghai s’envole de 2.45%, croissance économique ou pas.
bullLes futures sont en hausse de 0.6%, ce qui laisse supposer que ça pourrait monter encore et je dois dire qu’en lisant la presse de ce matin, on est moins catastrophistes que nous le fûmes il y a quelques semaines à peine. Reste à voir si tous les gérants qui déclaraient il y a encore deux semaines « qu’ils vendraient tout dans le rebond », vont effectivement vendre, ou « juste attendre encore un peu, juste pour voir ».
L’Euro/$ est à 1.1112, le Yen vaut 112.93, la Livre est à 1.4281, le $/Suisse vaut 0.9915, l’Euro/Suisse est à 1.1017. Le Bitcoin est à 431$ et le rendement du 10 ans US est de 1.77%.
Voilà, les genevois sont de retour de vacances et nous allons voir s’ils ont la possibilité d’inverser la tendance. En attendant, je vous souhaite un excellent café et un très bon début de semaine. On se retrouve demain à la première heure.
À demain.
Thomas Veillet
Investir.ch
“The farther backward you can look, the farther forward you are likely to see.”
― Winston S. Churchill
Serge Poznanski

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