lundi 29 février 2016

Le challenge aujourd’hui, c’était de ne pas mettre « pétrole » dans le titre

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CHRONIQUE MATINALE0

Le challenge aujourd’hui, c’était de ne pas mettre « pétrole » dans le titre


Première nouvelle du matin, c’est lundi. En général, quand je me lève le matin, après avoir couru 22 kilomètres et fait mes 1’000 abdos matinaux, je vais cueillir des fruits frais au fond du jardin, et seulement à ce moment, je commence à faire le tour des médias du monde entier. Enfin, surtout ceux des USA. Mais je dois dire que ce matin a une odeur toute particulière, puisque si vous désirez lire quelque chose qui ne PARLE PAS des Oscar qui sont en train de se terminer à l’instant où je vous écris, ce n’est pas simple du tout.
Les médias américains ne parlent que de ça et les médias suisses ne parlent que des votations du week-end, de l’UDC qui s’est fait renvoyer dans les vestiaires et des socialistes qui sont contents parce que « quand même, il y a 40% des Suisses qui pensent que leur initiative aurait résolu le problème de la faim dans le monde ».
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Et au milieu de tout cela, il faut trouver un truc intéressant à dire au sujet des marchés financiers. Je vais vous dire, ce n’est pas simple. Et le plus gros challenge du jour était de trouver un titre à cette chronique. Et si possible, un titre qui ne contienne pas le mot « pétrole » dedans. Oui, car depuis des semaines maintenant nous n’avons plus qu’une seule obsession ; suivre les cours du pétrole. Je n’invente rien, une statistique vient de sortir ; sur les 60 derniers jours de trading, le marché a fini dans la même direction que le pétrole 44 fois. Et les 16 autres jours, c’est les banques centrales qui ont décidé de la direction du marché.
Nous sommes donc devenus complètement « linkés » au prix du baril et le pire, c’est que c’est devenu comme automatique. On ne comprends pas toujours pourquoi le pétrole bouge – mais qu’on se rassure – lui-même ne sait pas pourquoi il bouge – mais peu importe la direction, pourvu que l’on ait l’ivresse, alors on suit le mouvement comme des bœufs, parce que l’on sait qu’un pétrole qui monte est un signe de bonne santé de l’économie. Il n’y a donc aucune question à se poser. Aucune raison de se demander pourquoi.
Il y a bien certains stratégistes qui pensent que ces mouvements sont logiques parce que les nations productrices de pétrole sont également les détenteurs de ces énormes « fonds souverains » et quand le pétrole baisse, ils doivent « faire du cash » contrairement à l’autre direction où il n’ont pas besoin de taper dans les économies. Si l’on en croit cette théorie, nous sommes entrés dans un mouvement perpétuel et l’on n’a pas fini de rigoler.
La question de la semaine sera donc : « Arriverons nous a décorréler les mouvements des actions de ceux du pétrole ??? »
Rien n’est moins sûr, mais on peut rêver. La bonne nouvelle, c’est que cette semaine, c’est la semaine des chiffres de l’emploi. Cette fameuse semaine qui arrive toutes les quatre semaines et qui nous donne un suspense insoutenable tous les jours en attendant le vendredi après-midi. Vendredi après-midi, date à laquelle nous verrons si l’économie américaine crée des emplois ou pas et si cela pourrait éventuellement peut-être mener à de l’inflation et renouveler les spéculations sur les prochains agissements de la FED : Est-ce qu’une surprise à la hausse sur les créations d’emplois, va-t-elle relancer les spéculations d’un nouveau cycle de hausse des taux, ou est-ce que les peurs de récession actuelles sont plus fortes que tout et que Yellen va préférer la jouer profil bas jusqu’à en savoir un peu plus ?
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Je vous le dis, entre les mouvements psychotiques du pétrole qui, automatiquement nous ballote dans tous les sens et les attentes de données économiques qui ajouteront un peu de fondamental à nos bonnes vieilles méthodes du marc de café ou des osselets, la semaine risque d’être intéressante.
En tous les cas, ce qu’il faut retenir c’est que l’on a vécu notre deuxième semaine de hausse consécutive depuis le début de l’année et vu le début d’année que nous avons eu, cela mérite d’être signalé. Souvenons-nous aussi qu’une hausse brutale du pétrole pourrait déclencher une vague d’achats massifs sur les marchés, tout comme une baisse brutale pourrait déclencher des ventes – mais ça, à force de nous l’enfoncer dans le crâne 3 jours sur 4, on commence à avoir compris le concept et puis en fin de semaine nous aurons les chiffres les plus magouillés de l’histoire des chiffres économiques, les chiffres de l’emploi, mais c’est pas grave on fera comme s’ils sont à peu près aussi crédibles que les tables de la loi elles-mêmes.
En attendant, la semaine commence en fanfare, puisque la Chine est déjà en plongée de plus de 3%. Durant le week-end la Banque Centrale Chinoise a tenté de calmer les doutes quant à leur stratégie économique – ce qui, on le voit, fonctionne super-bien – et le Yuan a plongé au plus bas depuis le début du mois. Hong Kong résiste bien, ne perdant que 1% et le Japon s’en fout royalement et montait de 0.7% à 6 heures du matin.
Et puis ce week-end il y a eu le G-20. Alors que l’on se rassure, avec une équipe de choc comme celle qui s’est rencontrée à Shanghai, on est tranquille, il ne peut rien arriver à l’économie mondiale. Si l’on en croit les communiqués de presse, « Les argentiers des grandes puissances, réunis vendredi et samedi dans la métropole chinoise, se sont entendus pour utiliser tous les outils (politique monétaire, relance budgétaire, réformes structurelles), à la fois «individuellement et collectivement». Et si l’on avait encore un doute ; ils sont contre le BREXIT.
Ouf, on se sent nettement mieux. En gros, ils ont brassé de l’air (comme d’habitude) et à la fin, rien de concret n’en ressortira jamais (comme d’habitude), mais lors du prochain G-20, on s’excitera comme des puces espérant une révolution économique alors que si l’on en croit la photo de famille publiée ce week-end, vous avez 5 types qui sont plus intéressés par la mini-jupe de la patronne du FMI, Yellen qui fait la gueule et les autres qui se demandent ce qu’ils font là… Mais nous pouvons dormir tranquille, l’économie est entre de bonnes mains.
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Photo : Keystone
Actuellement, l’or est à 1227$, le pétrole vaut 32.92$ et le troupeau vivant est à 137.19$ la livre.
Dans les nouvelles du jour, on notera que Starbucks va se lancer dans l’aventure italienne et va commencer à ouvrir des points de vente en 2017, sachant qu’en Italie on peut boire des cafés à un euros en restant au bar, je me réjouis de voir comment ils vont vendre leurs demi-litres de cafés à 14 euros. Pendant ce temps, le CEO de Valeant, qui était en congé maladie est de retour, on espère pour Bill Ackman qu’il a prévu une stratégie pour faire remonter l’action de sa boîte depuis sa convalescence. Di Caprio a FINIALEMENT récupéré un Oscar, on espère ainsi qu’il pourra s’acheter une nouvelle Porsche. Le Barron’s aime soudainement Wal-Mart et prévoit une hausse de 30% (possible) et ils mettent également en avant la société Medtronic pour sa croissance. Le journal fait aussi dans la Cybersecurité et recommande d’acheter CheckPoint Software, Fortinet et Palo Alto.
Côté chiffres économiques, nous aurons les prix à l’importation et les retail sales en Allemagne, puis le KOF en Suisse, le Money Supply en Angleterre, le CPI Italien, le CPI de la zone Euro, puis nous terminerons avec le Chicago PMI, les Pending Home Sales et le Dallas Fed Manufacturing Index.
Pour le moment les futures sont en baisse de 0.3%, l’Euro/$ est mou du genou à 1.0937, la Livre est en dans une zone de plus en plus dangereuse à 1.3876, le Yen vaut 113.05, le Dollar/Suisse est à 0.9964 et le rendement du 10 ans américain est de 1.74%. L’Euro/Suisse est à 1.0896, la BNS nous lâche. Bon, il faut dire que Jordan était à Shanghai pour le week-end.
Voilà, c’est tout pour ce matin, je vous souhaite un excellent début de semaine, un bon salon de l’auto et on se retrouve demain matin pour la suite des aventures du marché, du pétrole et du pétrole et du marché. Que la force du lundi soit avec vous.
À demain.
Thomas Veillet
Investir.ch
« Les gens qui vous disent qu’ils dorment comme un bébé, en général, n’ont pas de bébé. »
Léo J. Burke

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