Si vous suivez un minimum ce qui se passe sur les marchés boursiers depuis le premier janvier de cette année, vous devez être au courant que les raisons de la baisse se résument en trois axes : 1) le pétrole qui baisse est qui est devenu officiellement l’indicateur de la santé économique mondiale 2) la Chine qui a été le moteur de la croissance mondiale depuis des années qui, là tout d’un coup devient le « veau de l’économie mondiale » et nous plonge dans la dépression, si ce n’est la récession 3) l’économie US qui n’est peut-être pas aussi en forme que la FED voulait bien le laisser entendre il y a quelques semaine lorsqu’ils ont monté les taux. Eh bien, vous savez quoi ? J’ai une super-nouvelle pour vous. On vient de faire les comptes, de réviser toute nos connaissances économiques et ont vient de trouver un nouveau problème : LES BANQUES ! Oui, les banques qui étaient devenues THE PLACE TO BE en décembre dernier parce qu’évidemment, avec la série de hausse des taux que nous promettait la FED, cela ne pouvait que transformer le secteur bancaire en un secteur aussi performant et sexy que le secteur des biotechnologies, quand il monte. Mais voilà, comme disait Monsieur Murphy ; «tout ce qui est susceptible de mal tourner, tournera nécessairement mal ». Et depuis quelques jours, rien ne va plus dans le monde des banques. Ce n’est pas qu’il s’est passé quelque chose d’exceptionnel entre lundi matin et hier soir, non, c’est simplement que l’on est en train de se rendre compte que :
1) la FED ne montera probablement plus les taux cette année – bien que cela reste à confirmer par les témoignages divers et variés de Madame Yellen dans les deux jours à venir 2) Que si la FED ne monte plus les taux, la BCE va évidemment rester en taux négatifs… 3) Que quand vous êtes en taux négatifs, cela veut dire que les banques doivent payer pour avoir du cash dans leurs bilans. 4) Que vu le niveau des taux, il est plus facile pour les entreprises d’aller se financer directement sur le marché des capitaux, que de passer par les banques. 5) Que du coup, ça fait des crédits à haute marge qui disparaissent 6) Que les réglementations demandent aux banques d’avoir de plus en plus de réserves qui coûtent un maximum d’argent – parce qu’autant les banques aiment vous faire payer des intérêts débiteurs, autant elles détestent quand c’est elles qui doivent le faire. 7) Et je ne vous parle même pas de l’exposition des banques aux dettes émergentes ou aux dettes des sociétés pétrolières qui sont au bord du gouffre. 8) Sans mentionner le fait que l’exposition aux produits dérivés en tout genre est monstrueux pour la plupart des banques au travers de la planète et que personne, je dis bien personne n’est capable de prédire ce qui pourrait bien se passer si tout cela nous pétait à la figure.
Du coup, il y a comme un vent de panique sur le secteur depuis quelques semaines. Pour ne citer qu’elles, la Deutsche Bank perd près de 40% de sa valeur depuis le premier janvier et le Crédit Suisse s’en sort nettement mieux en ne reculant « que » de 39% sur la même période. Rien que lundi la Deutsche Bank s’est pris 10% dans les gencives alors que le marché « craignait » qu’elle n’aurait pas assez de cash pour honorer ses engagements obligataires. La banque à démenti et confirmé que ses avoirs disponibles étaient largement suffisants.
Le titre n’a même pas fait mine de rebondir. Au contraire. Mardi matin le patron de la banque est venu annoncer que sa banque était solide comme un rock et le titre a reperdu 3% de plus. Grand moment de solitude quand tu viens annoncer des choses positives et que le marché n’est a strictement rien à faire. Tout cela pour vous dire que l’ambiance est plombée dans le secteur et que personne, mais alors personne n’a envie de mettre les mains dans la moissonneuse batteuse pendant qu’elle tourne à plein régime. Si l’on fait le bilan sur les dernières semaines, au rayon « certitudes » nous avons : – le pétrole qui va à 20$ – la Chine qui va entrer en dépression et en récession en même temps, le tout au carré – le USA qui vont également entrer en récession, passer en taux négatifs et élire Donald « la mèche » Trump à la présidence – après tout ils ont eu Bush pendant 8 ans, alors un débile de plus ou de moins. – Et puis dorénavant, nous aurons également la totalité du secteur bancaire qui va partir en cacahuètes. Autant vous dire qu’avec des prévisions aussi joyeuses, entre investir dans les marchés financiers et se taper sur les doigts avec un marteau, le choix semble évident, il reste juste à choisir la taille du marteau. Hier l’Europe s’est donc encore une fois faite décimée, les banques en tête et pour rajouter un peu d’huile sur le feu de notre dépression actuelle, on notera que la dernière fois que les banques se sont prises une telle série négative dans les dents – six semaines d’affilée – c’était en 2008 lorsque Lehman et ses frères s’était faite passer dessus par le métro New Yorkais, d’ailleurs, comme le mentionnait mon ami Nicolas Chéron, stratège chez CMC Market, Deutsche Bank sera-t-elle le Lehman de 2016 ? – On peut se le demander, même si la banque est, je le rappelle, « solide comme un rock » aux dires de son CEO.
Je vous recommande au passage l’article sur le sujet publié dans l’Express hier (CLIQUEZ ICI) Et pendant que les banques se font taper dessus, le pétrole est en train de devenir complètement barjot et ça n’aide pas les marchés à trouver un semblant de stabilité. Hier il est d’abord monté parce que les chiffres des inventaires de l’API n’était pas assez mauvais pour baisser et puis il y avait trop de short et puis on attendait le 1214ème accord entre l’Arabie, le Venezuela, la Russie et le Valais, afin de resserrer les boulons de la production et faire remonter le baril. Alors que nous nous convainquions qu’il était fort probable qu’il y ait du pétrole en Valais et que cette théorie tienne la route, l’EAI a révisé son target pour le prix du baril en 2016 à la baisse et du coup tout le monde a tout vendu et soudainement, il n’y avait plus de short dans le marché et plus d’accord en vue. Je précise que les « experts » de l’EIA ont révisé le prix du baril de 98 cents à la baisse.
98 cents de révision à la baisse. Sur 12 mois. Alors que le baril bouge de 2 dollars par jour en moyenne. D’ailleurs sur l’annonce le baril a PERDU 2$ – pour une révision de 98 cents à la BAISSE !!!! Ne pas rire. Je vais penser à quelque chose de triste. Bref, le pétrole s’est pris un claque, ce matin il vaut 28.56$ et il remonte de 2.25% par rapport aux plus bas de la nuit. Nous sommes définitivement en plein délire et je pense sincèrement que si le baril était une personne, cela fait longtemps qu’on lui aurait collé une camisole de force et qu’il serait dans une chambre capitonnée à longueur de journée. Aux USA on s’est fait une journée qui ressemble plus au profil d’une étape du Tour de France qu’autre chose. Nous avons eu deux cols de seconde catégorie et un col de première catégorie pour terminer plus ou moins à la même altitude que la ville de départ. Les banques se font également tirer dessus à vue et c’est toujours le Muppet Show dans le secteur pétrolier. La techno est au plus mal et nous sommes en train de corriger les excès un peu partout. Ce matin j’ai d’ailleurs vu qu’un journaliste comparait la correction du Nasdaq à celle de l’an 2000. Je crois qu’en l’an 2000, le journaliste en question devait encore jouer à Super-Mario sur sa console SEGA.
La seule chose qui nous a sauvé de la morosité ambiante, c’est la perspective de voir Madame Yellen sur scène devant le Congrès ce soir et demain. Ça ne vaudra sûrement pas Beyoncé à la mi-temps du SuperBowl dimanche soir, mais peut-être qu’elle nous donnera des informations que nous ne possédons pas sur l’état de l’économie et de la perspective de hausse des taux ou pas. Qui sait, si ça se trouve, la vérité est ailleurs. Ce matin, tout va très bien Madame la Marquise. Alors que la Chine et Hong Kong sont toujours en train de fêter l’arrivé de l’année du singe en 2016, le Japon qui, je le rappelle est toujours en taux négatifs, continue de se faire couper en morceaux, en tranche de California Maki, le Nikkei perd encore 4% ce matin… Monsieur Abe doit être en train de se demander comment il va faire pour stopper l’hémorragie. Mais franchement, là ça a le goût de la panique, l’odeur de la panique, si ça se trouve, c’est la panique. Le Japon est au plus bas depuis 2014. Dans les nouvelles du jour, la Deutsche Bank veut lancer un rachat massif de ses obligations pour rassurer le marché, un peu à la mode de Glencore il y a quelques mois. L’UBS vient d’annoncer le gel des salaires et le CFO décrit les conditions actuelles de « dangereuses ». Le patron du trading de Morgan Stanley a déclaré que les 6 premières semaines de trading de l’année avaient été « horribles ». Tout le monde parle de la Grèce et de la re-re-re-négociation de son bailout – tiens, ça me rappelle un truc. Malgré Star Wars, le titre Disney a perdu 5% after close hier soir, suite à des chiffres décevants. Côté pétrole, on s’autorise à penser dans les milieux autorisés qu’un accord pourrait être conclu à l’OPEP. Comme tous les jours depuis 2 semaines. Goldman Sachs parle de risque systémique pour les banques en Europe.
Dennis Gartman pense que la FED ferait mieux de se taire et que le marché ne s’en porterait que mieux. On parle de « bulle » dans la Silicon Valley. Le Barron’s propose 4 titres pour battre l’indice et bien dormir la nuit, il s’agit de Capitol Federal Financial, Sally Beauty Holdings, Natus Medical et Unitil. Article intéressant dans le Wall Street Journal, vu depuis la Chine, la consommation n’a jamais été aussi forte, on nous aurait menti ??? Et puis autrement, tout le monde attend Yellen ce soir. Côté chiffres économiques, nous aurons le Current Account et la Production industrielle en France. Production industrielle en Italie et en Angleterre. Aux USA, mis à part le témoignage de Madame Yellen, il y aura les nouvelles demandes d’hypothèques et les inventaires de l’EIA qui nous a déjà dit hier que son objectif sur le baril était plus bas en 2016, on peut donc s’attendre à des chiffres qui montrent des barils stockés un peu partout.
Pour le moment, comme tous les matins, les futures sont en baisse de 0.4%. Le support de 1812 sur le S&P500 tient comme une Deutsche Bank, comme un rock, quoi. L’Euro/Dollar est à 1.1295, le yen vaut 114.57, la Livre est à 1.4470, l’Euro/Suisse s’échange à 1.0983 – la BNS aurait-elle laissé tomber le plancher des 1.10 ??? Et le Dollar/Suisse se traite à 0.9723. Quand au Bitcoin, il vaut 380$ et le rendement du 10 ans US fait toujours office de refuge, avec un rendement de 1.70%. En ce qui concerne LA VALEUR REFUGE, elle se traite à 1192$ et ne parvient pas à passer les 1200$, comme quoi tout a un prix. Voilà, je ne vous le cacherai pas ; actuellement l’atmosphère est pourrie, mais si je fais des analogies et si je me penche sur ce que l’on a vécu, nous ne sommes pas encore en 2008, il est encore temps pour Madame Yellen de sauver le monde. En attendant, il est fortement recommandé de mettre sa tête entre les genoux et d’espérer très fort que le pilote ne rate pas la piste à l’atterrissage. De mon côté, il me reste à vous souhaiter une belle journée tout de même et on se retrouve demain, pour les deux derniers jours avant les vacances ! Que la Force soit avec vous, on va en avoir besoin et à demain !!!
Thomas Veillet
Investir.ch
« Christophe Colomb fut le premier socialiste : il ne savait pas où il allait, il ignorait où il se trouvait… et il faisait tout ça aux frais du contribuable »
Serge Poznanski
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