Pas besoin d’être un génie. Pas besoin d’avoir fait de longues études de finance et d’avoir plein de diplômes, depuis hier, nous sommes à nouveau en mode « au secours ». Nous sommes en mode « au secours » pour les mêmes raisons depuis le 1er janvier :
1) le pétrole se fait défoncer et tout le monde le sait quand le pétrole se fait défoncer, la bourse trépasse
2) la Chine ne va pas bien, depuis plus de six mois, mais là, ça va vraiment pas bien et puis là, comme disait un journaliste ; « on se rapproche DANGEREUSEMENT de la barre des 50% de baisse sur l’indice chinois » – il est vrai qu’entre 48% de correction et 50%, toute ma vie va changer overnight.
3) Et en troisième place, entre la Chine qui plante les freins et le pétrole qui se fait démonter, il est évident que l’économie US est au bord du gouffre et s’apprête à faire un grand pas en avant pour pénétrer en zone de récession.
2) la Chine ne va pas bien, depuis plus de six mois, mais là, ça va vraiment pas bien et puis là, comme disait un journaliste ; « on se rapproche DANGEREUSEMENT de la barre des 50% de baisse sur l’indice chinois » – il est vrai qu’entre 48% de correction et 50%, toute ma vie va changer overnight.
3) Et en troisième place, entre la Chine qui plante les freins et le pétrole qui se fait démonter, il est évident que l’économie US est au bord du gouffre et s’apprête à faire un grand pas en avant pour pénétrer en zone de récession.
Avec ces trois argumentaires dans notre baluchon, pas besoin d’aller chercher plus loin, les places de bourse mondiales se sont pris un nouveau bain de sang, par opposition à vendredi passé ou, je le rappelle le passage en zone négative sur les taux japonais avait motivé les intervenants comme jamais, les shorts avaient couverts leurs shorts et l’avenir semblait brillant à tous points de vue. Et puis comme nous avons tout même conservé nos convictions pendant tout le week-end, il était temps de revenir un peu sur les bases fondamentales de l’investissement, qui, actuellement tournent autour d’une période de conservation de ses convictions qui est d’environ 18h lorsque la météo est favorable.
Pour ceux qui sont de ma génération, il y a une chanson qui résume hyper-bien le comportement de girouette croisée avec un politicien que nous avons en ce moment, ça commence comme ça :
« Il y en a qui contestent – Qui revendiquent et qui protestent – Moi je ne fais qu’un seul geste – Je retourne ma veste – Toujours du bon côté »
Nous avons donc ENCORE une fois retourné notre veste. Vendredi passé nous avons paniqué à la hausse à cause du Japon, lundi nous avons ouvert en baisse puis remonté comme des fous parce que les taux ne monteraient pas en 2016 (ou presque) et que c’était trop cool et même si le pétrole se faisait laminer on s’en moquait comme de notre premier ordre de bourse et hier on se fait pulvériser, parce que, soudainement, on s’est rendu compte que le pétrole baissait.
Et puis, last but not least, et là c’est pire, on vient de rendre compte que les pétrolières sortaient des chiffres pourris. Ce qui est surprenant, avec un baril qui aura perdu 30% depuis les tops du mois d’octobre.
Hier les chiffres de BP ou d’Exxon ont fait prendre conscience aux investisseurs que si le baril est mal en point, ceux qui travaillent avec le même baril comme matière première, en souffrent aussi, ce qui est vous en conviendrez, une surprise TOTALE… non ????
Et puis, comme tout cela ne suffisait pas, les génies de Standard & Poor’s sont venu « downgrader » les notes de crédits de tout une série de compagnies pétrolières dont Statoil, Total ou encore ENI. Là aussi, les visionnaires de la recherche fondamentale viennent de se rendre compte de l’impact éventuel entre le prix de l’or noir et la performance des compagnies pétrolières. Bon, comme d’habitude, la bonne nouvelles c’est que S&P est généralement totalement faux et à côté de la plaque en terme de timing. Ils sont absolument nullissimes sur cet aspect-là (et pour beaucoup d’autres aussi) et en général, mis à part créer des opportunités d’achat, ils ne font pas grand-chose d’autre.
L’UBS s’est faite tirer dessus boulet rouge et terminait sa séance en baisse de près de 7%, ce qui correspond à sa pire journée depuis janvier de l’an passé. La banque avait pourtant annoncé un bénéfice en hausse de 79% pour 2015 à 6.2 milliards de francs, c’était clairement insuffisant pour les intervenants qui se demandaient si, finalement, la sortie de 3.4 milliards d’assets sous gestion n’était pas le plus gros problème auquel la banque faisait face. Les marges étaient en baisse et le bénéfice du dernier trimestre 2015 est principalement à attribuer à un crédit d’impôts.
Bref, le marché n’a pas aimé et ça s’est bien ressenti, puisque l’UBS aura emmené tout le secteur avec eux.
Aux USA on a fait pareil. Le secteur pétrolier aura également vécu une sale journée et le fait que le baril redescend en-dessous des 30$ ne fait plaisir à personne, si ce n’est aux « shorts » qui retrouvent de plus en plus d’assurance sur le fait que, inévitablement, on va bien finir par y aller, à ces 20$ dont on nous parle depuis des mois (sauf depuis une semaine et demie).
Exxon aura tout de même annoncé un profit en baisse de 58% et perdait plus de 2%, le leader du monde pétrolier US doit se demander s’ils ne vont pas se lancer dans la téléphonie mobile ou dans les réseaux sociaux pour compenser la dépression de leur business.
En revanche, durant cette journée déprimante, si votre portefeuille était composé de 50% de Mattel et de 50% de Michael Kors, vous avez vécu une journée de rêve puisque les deux compagnies, une qui travaille pour les petites filles jusqu’à 10-12 ans et l’autre qui travaille pour les filles après 12 ans, ont toutes deux publié des chiffres nettement supérieurs aux attentes du marché et Kors prenait 24% pendant que Barbie avançait de 14%.
Ce matin, nous sommes donc de retour dans une ambiance toute pourrie, le pétrole est à nouveau sous les 30$, pour les raisons que l’on connaît. Sans compter que ce soir il y aura les inventaires de la semaine qui devraient nous annoncer ce que l’on sait déjà et continuer à maintenir la pression sur le baril…. À moins que les Russes et les Arabes nous annoncent un « cut in the production », allez savoir… Actuellement, le baril se traite à 29.92$.
Évidemment, alors que l’on pense à nouveau que l’on va tous y passer, l’Asie a le couteau sous la gorge et plonge comme un seul homme. Le Nikkei recule déjà de 3% et Hong Kong suit le mouvement avec une baisse de 2.5%. En revanche, le « usual suspect », responsable de 50% de nos malheurs, la Chine, n’est en baisse « que » de 1.15% – mais que l’on se rassure, il reste encore plein d’heures de trading pour empirer les choses.
Le Barron’s pense que le marché « va se refaire », ils reviennent aussi sur Mattel qui devrait pouvoir aller plus haut, surtout qu’ils viennent de se rendre compte qu’en plus le fabricant de la Barbie offre également un dividende yield de plus de 5%.
Pour le reste, comme d’habitude dans ce genre d’environnement, l’ambiance est pourrie et on redonne la place belle aux Bears qui n’ont pas d’autre envie, ni de choix que de raconter Ô combien la suite va être horrible et Ô combien nous allons souffrir ces prochaines semaines, mois et année, puisque certains parlent même de « lost decade ».
Hier c’est RBC Capital Markets qui a pris place sur la tribune pour utiliser le mot « récession » à toutes les sauces…
Actuellement, nous sommes tous d’accord sur le fait que si nous rentrons en récession, on n’y rentre pas pour quelques mois, mais on y rentre définitivement – ce qui est frappant c’est l’amplitude de ce que l’on attend, plus personne ne parle de « période difficile », mais tout le monde est convaincu que 2008 c’était un cadeau à côté de ce qui nous attend et que le krach de 1929, c’était des vacances balnéaires.
RBC prévient que si l’on rentre en récession comme ils le prévoient, le marché peut baisser FACILEMENT de 50%. Moi je vous le dis, quand je lis ce que je lis, j’ai l’impression que pour certains, parler de krach ou de correction ne fait plus aucun sens, mais on n’hésite plus à parler de fin du monde. Et si l’on va par-là, ça ne vaut plus la peine de s’inquiéter pour la performance de nos portefeuilles, puisque dans six mois, on est tous en train de chasser le marcassin avec un arc et des flèches et le troc aura remplacé le cours de l’Euro/$.
Côté publications économiques du jour, nous aurons les PMI’s des services un peu partout en Europe, le CPI en Italie, les demandes de nouvelles hypothèques aux USA, les chiffres de l’emploi ADP – antichambre des non-farm payrolls de vendredi, ainsi que l’ISM NON-Manufacturing et les inventaires EIA du pétrole. Le pétrole qui, je le rappelle, continue de baisser est un pétrole qui baisse est un pétrole qui fait du mal à l’économie et aux marchés boursiers.
Dans les chiffres du jour, on retiendra GM, GoPro, Eaton, ADP, Glaxo, Comcast, Lenovo, Novo Nordisk, Suncor, Marathon Petroleum, Take Two et Toyota.
Pour le moment, évidemment, à voir la tronche de l’Asie, les futures sont indiqués en baisse de 0.4%, pourtant je rappelle pour mémoire que si l’Asie baisse ce matin c’est que NOUS avons baissé hier et qu’il ne faut pas croire que les asiatiques baissent d’eux-mêmes pour nous envoyer un signal ou un message subliminal quelconque…
L’Euro/$ est à 1.0917, le yen vaut 119.59, la livre est à 1.4405, le Bitcoin est à 350$ et le rendement du 10 ans est de 1.845% – ça empire de jour en jour – pendant ce temps, l’Euro/Suisse est à 1.1112 et le Dollar/Suisse vaut 1.0178.
Si les marchés fonctionnent sur le concept du « pile ou face », comme j’en suis de plus en plus convaincu, hier nous sommes tombé sur « face », vendredi passé sur « pile » et lundi 1er février nous devions être sur la tranche de la pièce.
Mis à part ça, on peut rejouer pour aujourd’hui. C’était tout ce qu’il y avait à dire ce matin. Demain, pas de chronique, étant donné que je me déplace dans la joie et la bonne humeur … À Zurich.. on se retrouve donc vendredi matin pour boucler la semaine.
Excellente journée à tous et à vendredi !
Thomas Veillet
Investir.ch
Investir.ch
“If you’re going through hell, keep going.”
Winston Churchill
Serge Poznanski
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