La première journée de février s’est donc terminée avec un tout gros point d’interrogation à la clôture. Je dis ça parce que j’ai le sentiment étrange que les préoccupations qui étaient les nôtres il n’y a pas plus de 6 semaines, ne sont plus exactement les mêmes, ou alors, je n’ai pas tout compris…
Mais commençons par le début ; les marchés ont ouverts assez faiblement parce que les chiffres économiques chinois qui ont été publiés hier matin tôt étaient tout pourris et en-dessous des attentes. En plus.
Vous admettrez que ce n’est pas forcément une surprise, bien au contraire, c’est plutôt une chose à laquelle nous devrions être habitués dorénavant. Mais non.
On préfère largement jouer les vierges effarouchées à chaque fois que la Chine nous annonce que ça va (ENCORE) moins bien que la dernière fois. Pour notre défense, je crois que ce n’est pas forcément le fait que ça va moins bien que la dernière fois, mais surtout le fait qu’il n’y ait pas le moindre signe d’amélioration. Bref, la Chine était faible.
Mais en ce lundi 1er février, alors que le baril avait bien performé la semaine précédente, on s’est dit que, puisque nous avions conservé nos positions sur le « long terme » (oui, une semaine, c’est LONG TERME), il était temps de prendre les profits et de partir se poser sur une plage ou se retirer dans chalet à la montagne et se poser sur une peau d’ours devant le feu de cheminée. Le pétrole s’est donc fait défoncer et le marché a soudainement douté, puisqu’on le sait : « UN PÉTROLE FAIBLE N’EST PAS BON POUR LES ACTIONS » (un pétrole trop fort non plus, mais pour l’instant, de ce côté-là, on a de la marge). La journée commençait donc sous de mauvais présages et le pire était à craindre.
Une fois n’est pas coutume, c’est de la part des chiffres économiques faibles publiés aux USA que le salut de la journée allait venir.
D’ailleurs le Vice-Chairman de la FED, Stanley Fischer a déclaré que « les investisseurs qui pensent que les taux ne monteront pas cette année, pourraient bien avoir raison ». Il n’en fallait pas plus pour que le marché remonte et termine inchangé et se foute totalement du pétrole qui se faisait défoncer et qui, d’ailleurs, se refait défoncer ce matin de bonne heure, entraînant déjà les futures à la baisse dans le grand-rouge.
Par contre j’aimerais bien faire une rapide analyse de ce qui se passe par rapport aux taux et comment ce marché – à priori sain de corps et d’esprit (quoique pour l’esprit, on peut se poser des questions) – gère la situation.
« « fast rewind » »
Et l’on se retrouve à la fin du mois de novembre 2015. À ce moment, tout le monde s’attend à voir la FED monter les taux. Non seulement on s’attend à voir la FED monter les taux, mais en plus on a BESOIN qu’elle monte les taux parce que cela nous conforterait, nous rassurerait et serait un signal fort comme quoi l’économie va TROP TROP bien, tellement bien que la FED était OBLIGÉE de monter les taux pour freiner une économie galopante qui s’emballait… En ce temps-là, une hausse des taux de la part de la FED était considérée comme une EXCELLENTE nouvelle économique, un signe de parfaite santé…
Maintenant, je refais rapidement un « « fast forward » » et l’on se retrouve début février 2016 où tout à coup, le discours du Vice-Chairman de la FED, Stanley Fischer, insuffle un vent de soulagement sur les marchés parce que « la FED pourrait ne pas ou ne plus monter les taux cette année » et que c’est un soulagement, parce que cela ne fera pas baisser les marché et ne freinera pas cette économie américaine moribonde qui est la leur…
En faisant rapidement ce petit bilan, je me permets tout de même de me demander si j’ai bien tout compris. Non, parce que là tout de suite, je me demande si l’on sait vraiment ce que l’on veut et je me demande également si l’on est vraiment certain de savoir dans quel état est l’économie américaine. Parce que quand on voit ce qu’on voit et qu’on entend ce qu’on entend ; tout d’abord on a raison de penser ce qu’on pense, mais en plus, on peut raisonnablement se demander s’il ne serait point de bon aloi d’aller faire une cure de repos à Trouville.
Bref, le marché est remonté, les supports continuent de tenir et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, surtout depuis que l’on sait que la FED va tout faire pour nous donner un coup de main. Peu importe du côté où l’on se place, peu importe dans quelle équipe on joue.
Ce matin le pétrole se fait donc à nouveau mettre la misère, il est à 30.87$ et l’on peut raisonnablement penser qu’il va aller tester les 30$ dans la journée. Ensuite nous pourrons republier les même rapports qu’il y a deux semaines qui disaient : « C’est SÛÛÛR, on va à 20$ !!! »…
L’or est à 1126$ et j’ai le sentiment que l’on s’y intéresse à peu près autant que l’on s’intéresse au championnat suisse de football.
En Asie, le Japon recule pour la première fois depuis qu’ils ont mis les taux en terrain négatif, le Nikkei abandonne 0.7%, Hong Kong recule de 0.7% également et la Chine qui ralentit remonte de 2% à 6h30 ce matin. Il faut dire que la banque centrale de Chine vient de réinjecter 15 milliards dans le système. Et les Australiens ont laissé les taux inchangés.
Même chose chez Mattel. Non contents de payer un dividende de folie, le fabricant de Barbie vient de publier de très bons chiffres et le titre prenait 6.5% hier soir tard. FireEye, société active dans la Cyber-Sécurité vient d’annoncer le rachat de Invotas pour renforcer ses opérations de sécurité informatique.
Pour le reste, les Américains sont plus préoccupés par leurs primaires dans l’Iowa que du reste ; le cinglé à forte capillarité a d’ailleurs perdu contre Ted Cruz. Autrement Yahoo ! va licencier 15% de son staff, l’organisation de la santé mondiale a déclaré le virus Zika comme une menace globale et le Barron’s se demande si la fixation que l’on fait sur le pétrole n’est pas un signal d’achat. En même temps, ils se demandent aussi si le fait que, dans le rebond de ces derniers jours, ce ne soit que les « losers » qui remontent et pas les sociétés de qualité, n’est pas un mauvais signe pour le marché. En résumé, le Barron’s propose d’acheter ou de vendre, c’est la parfaite représentation du comportement et de la vision du marché en ce moment. Aucune idée. Jouons à pile ou face.
Côté chiffres économiques, nous aurons les retail sales en Suisse, le chômage en Allemagne et en Italie, le PPI en Europe, le patron de la BNS, Thomas Jordan, qui parlera et puis, aux USA, nous aurons le Manufacturing PMI, le Redbook et les ventes de voitures.
Pour le moment les futures sont en baisse de 0.6%, probablement parce qu’ils sont à nouveau en train de passer le pétrole à tabac. L’Euro/$ est à 1.0905, le yen vaut 120.44, la Livre est à 1.4394 et le Bitcoin vaut 380$. Le rendement du 10 ans US est de 1.933% et l’Euro Suisse est à 1.1113, plus que 9 figures et on aura effacé un an de trading, le Dollar/Suisse quand à lui est à 1.0188.
Voilà, c’est tout ce qu’il y avait à dire ce matin. Je ne suis de loin pas convaincu de l’état de santé mentale de ce marché qui est capable de tourner la veste plus vite qu’une girouette par grand vent, l’incertitude reste de mise et j’ai malheureusement l’impression que cela pourrait bien durer encore un peu.
Je vous souhaite une très belle journée et on se retrouve demain à la même heure et au même endroit.
À demain !!!!
Thomas Veillet
Investir.ch
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