vendredi 15 janvier 2016

Une Renault, c’est bien. Une voiture, c’est mieux par Thomas Veillet

À la clôture de New York il y a quelques heures, je me suis assis sur une chaise, j’ai regardé ce que les USA avaient fait. Ensuite, j’ai regardé la clôture en Europe, et je me suis dit que l’on avait un gros problème de décalage horaire. Peut-être même que l’Atlantique s’était élargi pendant la nuit ou alors que la Terre tournait moins vite.
Toujours est-il que depuis un peu plus de 24 heures, les Européens sont en train d’essayer de rattraper le retard sur les Américains, ou vice-versa et que pendant qu’il y en a un qui monte, l’autre baisse pour récupérer la baisse de la veille du premier.
Hier ce fût assez paradoxal, puisque lors de la journée de mercredi, l’Europe a fini en hausse à 17h30 heure de Bourg-Saint-Pierre et c’est seulement ENSUITE que les Américains se sont effondrés. Donc, en arrivant hier, les Européens ont voulu rattraper les Ricains à la baisse, histoire de ne pas être en reste.
On a d’ailleurs utilisé tous les arguments possibles et imaginables :
1) le pétrole qui plombe l’économie
2) la Chine qui plombe l’économie
3) le marché US qui entre en phase de « correction »
4) l’économie US qui n’est pas aussi « euphorique » que la FED veut bien le dire
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Bref, tout ce que l’on pouvait utiliser comme excuse pour vendre était bon à prendre. On a même trouvé moyen de se faire le secteur automobile en beauté, parce qu’il semblerait – après une série de tests – que les moteurs diesel de Renault dépasseraient les normes légales de pollution. On a appris d’ailleurs que le service de la répression des fraudes français a perquisitionné chez Renault la semaine passée.
La bonne nouvelle, c’est que selon les Ministres français (Macron et Royale), il n’y a pas eu de « fraude » puisque l’on pas trouvé de logiciel comme chez Volkswagen – enfin, pas pour l’instant – mais dans le doute, les traders n’ont pas fait dans le détail et on a vendu à peu près tout ce qui vendait des moteurs diesel en Europe.
On est donc en train de se rendre compte – dans une surprise la plus totale – que les moteurs diesel polluent !!!! Alors que l’on croyait tous benoîtement que depuis l’invention du filtre à particule, respirer le pot d’échappement d’un diesel pendant 5 minutes était PRESQUE aussi bénéfique pour la santé que deux semaines de ski à la montagne dans une station sans voitures.
Le secteur automobile européen s’est donc fait démonter sans discernement de marque et Renault remportait la palme avec 10% de baisse. Mais le répète, la différence entre Renault et VW, c’est que Renault pollue honnêtement, alors que VW pas.
Alors bien sûr la déconfiture du marché Européen qui termine au plus bas depuis trois mois, n’a pas été aidée par les voitures.
Mais, pendant ce temps, comme les USA ont déjà presque une baisse d’avance, les Américains ont commencé à remonter. On a utilisé les excuses que l’on pouvait :
1) rebond du pétrole à très court terme
2) le pétrole qui ne baissait plus vraiment
3) le pétrole qui allait mieux pour le moment
4) le pétrole qui pourrait remonter dans les semaines qui viennent ou même d’ici 2085…
Bref, le secteur « énergie » a tiré les indices à la hausse. Depuis le temps qu’il fait l’inverse, ça faisait du bien de le voir changer de couleur. Et puis, dès que l’on a commencé à monter, les « experts » sont sorti sur CNBC et ont commencé à se moquer des targets d’Edwards à 666 ou des commentaires de RBS qui disaient à leurs clients de tout vendre leurs actions. Les mêmes « experts » venaient également nous dire « c’était évident et limpide qu’un jour ou l’autre, le marché allait rebondir ». Pour faire simple, la seule chose que les « experts à Wall Street » ne nous ont pas dit, c’est qu’en fait ; ILS SAVAIENT QUE LE MARCHÉ rebondirait hier, mais ils ont préféré attendre la clôture d’hier soir pour nous dire qu’ils savaient AVANT afin de ne pas nous gâcher la surprise.
En gros, il y avait un doux mélange « d’opportunité d’achat », de reprise (légère) du pétrole et de « ça suffit, ça à largement assez baissé » qui faisait que les investisseurs court terme – entendez qu’ils vont de toute façon tout revendre ce soir et qui représentent 99% du marché – sont revenus et on fait monter tout ce petit monde dans un grand OUF de soulagement. Pourvu que ça dure.
On notera néanmoins que quand on regarde certaines nouvelles publiées hier durant la séance, on peut s’estimer content que ça monte, parce qu’il y avait de quoi avoir les jetons.
On ne parlera pas de GoPro qui se faisait défoncer, c’est devenu tellement commun. Par contre Best Buy a fait un profit-warning et perdait 10% – bien qu’ils n’ont pas de problèmes de moteurs diesel, eux. Puis il y a eu James Bullard, Président de la Fed de Saint-Louis qui a déclaré que, selon lui, l’inflation allait mettre plus de temps que prévu pour remonter à un niveau correct, laissant entendre que la théorie des 4 hausses des taux de 2016 pourrait-éventuellement-peut-être être remise en cause.
at the fedIl faut signaler au passage que Bullard a déclaré plus ou moins l’inverse à la veille du dernier meeting de la FED. Il n’est donc pas un vrai politicien, mais en revanche, il a une capacité à tourner la veste qui fait qu’il pourrait largement se présenter au Congrès ou tout plus devenir Conseiller d’Etat genevois.
La nouvelle n’était pas forcément « bonne » pour l’économie, mais comme elle allait dans le sens d’une « hausse des taux ralentie », on dira que ça a été bien pris, même si c’est toujours une question de où l’on se place.
Autre nouvelle moyennement encourageante d’hier, mais qui est passé inaperçue, c’est les historiens du marché qui nous ont rappelé qu’à l’automne passé, le marché avait déjà perdu 10% et qu’on a remis ça début janvier. Jusque là, rien de neuf. En revanche, on nous a rappelé que le fait que le marché perde DEUX fois 10% en l’espace de 6 mois, avec un rebond entre deux, n’était arrivé que trois fois depuis 100 ans.
Encore une fois, jusque là, vous me direz : « et alors ??? ». J’y arrive.
Alors, les trois dernières années où cette situation s’est produite, c’était en 1929, 2000 et 2008… Pas besoin d’avoir fait une licence en histoire pour savoir ce qui s’est passé ensuite ces trois années là…
unionLe pétrole qui a été l’artisan du rebond hier parce qu’il flirtait avec les 32$, vient de se reprendre un petite claque cette nuit et se traite à nouveau sous les 31 en plongée pour aller à 30$. Nous sommes à 30.55$. Et puis LA VALEUR refuge de 2016 se dégonfle à nouveau lentement, puisque l’or est à 1081$ ce matin.
Dans les nouvelles du jour, on notera les « bons chiffres » trimestriels de JP Morgan, même si le pétrole leur fait du mal. Il y a aussi Goldman Sachs qui a accepté de payer une amende de 2.385 milliards liées à la période subprimesque, que cette amende à pour conséquence de leur nettoyer totalement le trimestre… il ne vont rien gagner. Mais le titre ne baissait même pas sur la nouvelle. Intel a également publié ses chiffres trimestriels, ils ont clairement battu le consensus, mais ça ne suffit visiblement pas, puisque le titre décale de 5% à l’après bourse. Concernant le pétrole, il y a un milliardaire actif dans le secteur du « Shale Oil » – Harold Hamm – qui nous annonce le baril à 60$ pour Noël. Noël 2016 je précise. Probablement que ça l’arrangerait, mais une chose est sûre, si sa prévision se réalise, il y a deux-trois analystes-stratèges/gourous, qui vont pouvoir se chercher un boulot comme diseur de bonne aventure sur le web.
BHP Billiton prend une provision de 7 milliards à cause de la baisse du pétrole. La valse des « writedowns » est donc en train de commencer dans le secteur, cette fois au moins, ce ne sont pas les banques. Dans le FT on apprend aussi que certains membres de la BCE sont en train de faire le forcing pour que le stimulus européen soit augmenté de manière conséquente. J’ai envie de dire : « comme attendu ». Et THE ECONOMIST nous publie un article pour expliquer POURQUOI la FED ne montera pas les taux 4 fois en 2016. 
Warren Buffet continue d’acheter du Phillips 66, malgré la problématique des hydrocarbures et puis, une fois n’est pas coutume, c’est un titre suisse qui fait parler de lui dans le Barron’s, puisque le journal américain recommande d’acheter Novartis, pour son rendement du dividende et pour son pipeline de médicaments à venir estimé à 9 milliards.
Et ce matin ça continue en Asie, la Chine se fait à nouveau péter les dents – celles qui restent encore – Shanghai recule de 3.4% et il n’est que 7 heures du matin, la journée est encore longue et il n’y a plus de circuit-breakers. Le Japon recule de 0.9% et Hong Kong abandonne 1.23%.
Dans cette ambiance asiatique déprimante et fatigante, les futures sont en baisse de 0.7%, la journée risque donc d’être intéressante, surtout que, du coup, l’Europe n’aura même pas l’occasion de rattraper le retard accumulé hier. Ça tombe bien, ils sont bas, ils n’ont plus qu’à aller encore plus bas.
L’Euro/$ est 1.0878, le Yen vaut 117.84, le rendement du 10 ans US est de 2.08% et le Bitcoin est à 419.50$. En Suisse : Happy Birthday, ça fait un an que la BNS nous a lâchement laissé tomber et l’Euro/Suisse est à 1.0929, quant au Dollar/Suisse, il vaut 1.0045.terror
Pour ce qui est des chiffres économiques, nous aurons le Budget de la France, le CPI de l’Espagne et de l’Italie. Il y aura également le meeting des ministres des finances européens, le trade balance européen, le PPI aux States, le NY Empire Manufacturing, les Retail Sales, Capacity of Utilization, Michigan Consumer Sentiment et les Business Inventories. Sans compter que Dudley, de la FED de New York et Kaplan de la FED de Dallas vont parler, probablement pour nous dire qu’ils savent que l’on ne sait jamais.
En attendant, il me reste à vous souhaiter une excellente journée, un très bon week-end (froid) apparemment et on se retrouve lundi, en plein forme pour la suite des aventures passionnantes des marchés boursiers, du pétrole, des taux et de la Chine qui veut nous prouver que quand y en a plus, y en a encore.
À lundi !!
Thomas Veillet
Investir.ch
« You don’t write because you want to say something, you write because you have something to say. »
F. Scott Fitzgerald
Serge Poznanski


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