jeudi 21 janvier 2016

Les femmes et les enfants après mon portefeuille par Thomas Veillet

Je vais aller droit au but et essayer de vous parler franchement.
On s’est fait démonter, laminer, pulvériser, exploser, tabasser et nous sommes entrés en Bear Market un peu partout. Le pétrole ne sait faire qu’une seule chose : aller plus bas, et c’est moche parce que JAMAIS le pétrole n’a été corrélé autant avec les actions du monde entier, tout particulièrement celles qui n’ont strictement rien à voir avec le pétrole.
TOUT VA DONC TRÈS TRÈS MAL et le pire est à craindre, la dépression nous guette et comme j’aime à le dire régulièrement dans cette colonne ; nous allons très probablement très bientôt tous mourir dans d’atroces souffrances.
MAIS.. Parce qu’il y a toujours un mais et que je refuse de céder à la panique et la dépression ambiante – mon premier blog s’appelait « Morningbull » et je ne vais donc pas renoncer à mes racines bovines pour autant, d’autant plus que le Bull, en plus je l’ai dans la peau – donc il y a un « MAIS », un gros « mais » en caractères gras, car si l’on reprend la séance d’hier, nous pouvons la diviser en deux parties.
Tout d’abord il y a la partie que je nommerai « Titanic, sauf que sur le Titanic, il y avait de la musique ».
Cette partie de la journée a commencé dans la nuit de mardi à mercredi ; l’Asie s’est faite massacrée à cause du pétrole. Ensuite les Européens sont arrivés et ont vu les dégâts, ils ont donc commencé à tout vendre sans exception, le DAX a pété les supports, on vendait tout et n’importe quoi sans la moindre discrimination. D’ailleurs, si vous prenez le temps d’analyser en détail la valorisation de certaines valeurs boursières, vous vous rendrez rapidement compte que certaines d’entre elles se traite en dessous de la valeur du cash qu’elles ont en banque.china
Ce qui est non-seulement illogique, mais en plus totalement débile. Ce genre de moment totalement stupide que l’on rencontre rarement dans une vie d’investisseur, mais aussi un moment où nous avons tellement la trouille que l’on n’est plus capable de réagir logiquement.
Donc l’Europe s’est fait passer dessus par un rouleau compresseur et terminait pratiquement au plus bas de la journée, les intervenants jetaient l’éponge et l’on pouvait assimiler cela à de la CAPITULATION. Le DAX reculait de 2.8%, le CAC de 3.45%, Milan de près de 5% ( !!!) et l’Espagne abandonnait 3.2%.
Evidemment que dans la foulée de l’Europe les USA ont pris le même chemin sans se poser de question. Les arguments pour justifier le « selling » ne manquaient pas et on ressortait absolument toutes les justifications que l’on connaît depuis le 1er janvier :
– La Chine ralentit
– Le pétrole se pète la figure et va à 10$
– Le Baltic Dry Index est au plus bas de tous les temps
– Il n’y a plus de Bulls
– Maman j’ai peur
Et puis, le dernier en date ; comme tout le monde (aux USA) investit en empruntant de l’argent, quand ça baisse, on vous force à vendre vos positions à perte. On appelle ça : « Margin Calls ». C’est un peu comme une double claque. D’abord le marché baisse et vous vous prenez une baffe et quand vous êtes à terre, on vous met un gigantesque coup de pied dans la tête : c’est les appels de marge.
C’était un bain de sang absolu, un exemple typique de la « débile attitude » de ce genre de moment, c’est Netflix. Mardi soir, après la publication des trimestriels, le titre prenait près de 10% « parce qu’il avait surpris le marché par ses bons chiffres ». Hier, au paroxysme de la panique, le titre perdait près de 7%. Vous avez dit « fumé la moquette ??? ». Et ça ne s’arrête pas là, il y a une liste de titres qui se sont fait des « swings » majeurs durant la séance.. Chesapeake : 28% entre le plus bas et le plus haut de la journée, 27% pour Southwestern Energy ou 17% pour Freeport McMoran..
chargeurMais alors que TOUT SEMBLAIT perdu et que je me préparais à acheter un livre de cuisine pour apprendre cuisiner les racines des arbres et comment faire des boissons avec le jus de gazon au cas où, comme c’est prévu par certains, nous rentrions dans une période de fin du monde et d’effondrement économique total, le marché s’est soudainement arrêté de baisser.
Comme disait l’autre « Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin le marché il ne baisse plus ».
Il est clair qu’au bout d’un moment, tout « sell off » a tendance à s’essouffler et peut-être, je dis bien PEUT-ÊTRE, qu’hier nous avons atteint ce point où les intervenants commencent à se dire « bon, les gars, stop, là ça commence à bien faire ». Il est peut-être trop tard parce qu’en ce moment la plupart des indices mondiaux et les indices mondiaux des indices mondiaux, leurs cousins et les familles parentes et amies étaient DÉJÀ rentrés sur le territoire des ours, mais mon côté bovidé obsessionnel veut croire qu’hier soir, il s’est passé quelque chose…
Alors que le Dow Jones perdait 566 points, que le Nasdaq était en baisse de 11.4% depuis le 31 décembre 2015 à minuit, que le pétrole était à 26.55$ et que l’indice S&P Transport était en baisse de 23% depuis ses plus hauts datant du mois d’avril de l’an passé, à peine il y a dix mois, soudainement le marché a arrêté de baisser.
La transition de l'économie chinoise sur Investir-Funds
La transition de l’économie chinoise sur Investir-Funds
Et quand un marché ne baisse plus, c’est soit qu’il est fermé, soit qu’il monte. L’immobilisme n’est pas une option quand on vit dans un monde avec une volatilité à 27.6%.
Alors je le reconnais, le S&P ne finit pas en vert (mais le Nasdaq presque), le Dow n’a pas récupéré les 566 points qu’il perdait, mais tout de même près de la moitié. Mais peu importe, nous avons vécu un renversement technique assez impressionnant. Sans que cela exclue le fait que nous soyons officiellement dans un Bear Market, mais il semblerait qu’hier nous avons capitulé à la baisse et comme à chaque capitulation, les gens qui ont une vision long terme (comprenez : plus que vendredi prochain) ont (peut-être) commencé à re-rentrer dans le marché pour profiter des soldes.
Alors cet espèce de « recovery » qui a commencé au moment du lunch à New York est peut être du au « shorts qui se couvrent » ou alors simplement à certains joueurs un peu plus courageux que les autres qui se sont dit qu’assez c’est assez et ont commencé à mettre un pied dedans.
En tous les cas, peu importe si nous n’avons pas terminé dans le vert hier, la bonne nouvelle c’est qu’il ne fallait pas aller « en-dessous » des 1860 sur le S&P500 en clôture et nous y sommes quasiment revenus à 22h00 hier soir. Je vais jouer les « over-positifs », mais je crois que l’on peut espérer avoir vu le pire pour le moment. En tous cas, ça en a l’odeur.
Ce matin, l’Asie est dans le vert. Ce n’est pas facile, car entre le moment où j’ai commencé à lire et maintenant, soit entre 4h et 6h du matin, les marchés du Far-East sont passé de franchement dans le vert à « pourvu que ça tienne » – Néanmoins, le Gouvernement Chinois a injecté près de 17 milliards de dollars (110 milliards de Yuans) pour soutenir tout ce petit monde et on voit que les banques centrales sont en train de se réveiller. Sachant que Draghi va parler cette après-midi, je serai VRAIMENT tenté de jouer une belle journée.
faultPour le moment, les trois marchés de référence qui sont ouvert en Asie sont en hausse de 0.5%, on y croit et la journée n’est pas finie. Les Futures US sont indiqués à la hausse, mais à voir leur volatilité ce matin, je suis prêt à prendre le pari qu’il y en a qui s’amusent comme des fous à traiter alors que les Ricains viennent de se coucher.
On retiendra aussi que Foxconn rachète Sharp pour 5.3 milliards, que Royal Dutch Shell a vu ses profits fondre, non pas à cause du réchauffement climatique, mais à cause du baril à 27$. News Corp dément la rumeur comme quoi ils prendraient une participation dans Twitter. Barclays supprime 230 jobs en Asie. La Deutsche Bank annonce une perte de 6.7 milliards. Goldman Sachs fait une large donation contre le Brexit, on sent l’angoisse des banques américaines poindre à l’horizon en cas de sortie de l’Europe. À l’œil je dirais qu’entre réglementation et fiscalisation, ça doit moyennement les arranger.
Le FT résume très bien les chiffres du trimestre pour le secteur bancaire aux USA ; « plat comme un pancake ».
Même si l’Asie peine à rester en positif pour le moment, le pétrole est en train de tenter de ne pas baisser ce matin, le « crude » vaut 26.76$ et l’or est à 1102$, étant toujours l’EXCELLENTE valeur refuge que l’on connaît.
Côté banques centrales, la rumeur veut que la FED a déjà viré sa cuti et devrait monter les taux encore une fois cette année et basta. Je rappelle qu’il y a moins de 4 jours, c’était une certitude que Yellen agirait encore 4 fois en 2016. Et puis cette après-midi, Super-Mario sera à la tribune. On espère tous qu’il va nous annoncer une nouvelle recette miracle pour sauver l’Europe et l’Euro et, accessoirement, faire remonter le marché.
Autrement Jamie Dimon, le patron de JP Morgan pense que le « sell off » pourrait simplement être un ajustement. J’aime l’utilisation du conditionnel. Ça veut dire ; j’en sais rien, en plus je ne suis pas analyste et puis quoi qu’il arrive, vais quand même toucher 17 millions de bonus à la fin de l’année.
Et puis, comme c’est la fin du monde, on a invité Roubini au forum économique de Davos où les riches de la planète se goinfrent de champagne et de caviar en expliquant à CNBC que tout va bien se passer (pour eux en tous les cas). Roubini a donc déclaré que le marché est « maniaco-dépressif » et qu’il a tendance à « aller d’excès de positivisme en excès de négativisme » – c’est ce qu’il pense de la réaction par rapport au ralentissement chinois… Et je dois dire que, pour une fois, je suis assez d’accord avec lui..davos
Oh mon Dieu. Je suis d’accord avec Roubini. Va falloir que je pense à me faire hospitaliser.
Le Barron’s pense que, si l’on se base sur la volatilité, la déroute des bourses n’est pas encore terminée. Mais ils pensent qu’il faut acheter Bank of America sur faiblesse.
En Suisse, on a une nouvelle histoire de magouille bancaire qui émerge, puisqu’un gérant du Crédit Suisse a été arrêté dans le cadre d’une perte massive pour un client. Une perte entre 50 et 100 millions selon le Temps. L’histoire semble loin d’être terminée et les ramifications sont complexes, cependant le gérant en question avait investit des sommes colossales dans une biotech américaine (Raptor), biotech qui a évidemment été divisée par 4 depuis six mois, et du coup ; grosse perte, on parle de comptes cachés, de pertes dissimulées, bref, un vrai roman de gare et surtout, surtout, qui nous fait nous rappeler que même si l’on tout misé sur un nouveau métier : le Compliance – c’est loin de fonctionner encore à 100%, certaines méthodes ancestrales, type « madoffiennes » semblent exister encore.
Les hasard de la pub sur le net.. Si Crédit Suisse n'est pas bon, allez chez l'autre..
Les hasard de la pub sur le net.. Si Crédit Suisse n’est pas bon, allez chez l’autre..
Il est 6h20 du matin, les marchés asiatiques viennent de passer dans le rouge, Tokyo en tête.
Côté chiffres économiques, nous aurons le French Business Survey, le Trade Balance en Espagne, Draghi en Europe pour un concert live, les Jobless Claims aux USA, le Philly Fed, et les inventaires pétroliers façon EIA.
Pour ce qui est des chiffres du trimestre, nous aurons Bank of New York, American Express, Celanese, Etrade, Intuitive Surgical, Schlumberger, Starbucks et Verizon, entre autres.
Pour le moment, les futures sont très volatiles, ils hésitent entre +0.3% et -0.1%, on sent tout de même que c’est très nerveux. Hier un ami me disait, sur le ton du désespoir : « oui bon, il faut se rassurer, en général c’est le jeudi que les tendances tournent… » – On est donc en phase de « je me rassure avec les jours de la semaine et on espère que le jeudi ça tourne vraiment !!!! Et si ça ne tourne pas, demain je fais grève.
L’Euro/$ est à 1.0889, le yen vaut 117.04, le GBP est à 1.4177, le rendement du 10 ans US est de 2.01%, le Bitcoin s’échange à 415$. En ce qui concerne le franc Suisse ; il vaut 1.0939 contre Euro et 1.0048 contre Dollar.
C’est tout ce qu’il y avait à dire ce matin. C’est le bain de sang, mais il faut savoir raison garder et espoir garder aussi. J’ai personnellement l’impression que l’on exagère un tout petit peu la situation actuelle et que même si, je le reconnais, la zone est critique, je pense qu’à six mois, on sera surpris de voir où nous en sommes. Je ne vous dis que ça. Prenons rendez-vous le 21 juin pour faire le point.
En attendant, que votre café soit suffisamment fort pour vous soutenir dans cette nouvelle journée « compliquée » et nous on se retrouve demain à la même heure et au même endroit, mais seulement si ça monte.
À demain et très belle journée.
Thomas Veillet
Investir.ch
“Both optimists and pessimists contribute to society. The optimist invents the aeroplane, the pessimist the parachute.”
George Bernard Shaw

Serge Poznanski

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