* Plusieurs décisions politiques en Octobre : Abe et Xi pourraient être les plus agressifs
* Les données industrielles pourraient encore rester faibles en Octobre, surtout en Chine
* La chute de 10% du cours des devises émergentes correspond à l’amplitude des 3 dernières corrections de changes émergents depuis 2011
L’attention des marchés au cours de ce troisième trimestre s’est portée sur la hausse tant attendue des taux de la Fed qui n’est toujours pas arrivée. La nouvelle jambe d’appréciation du dollar a provoqué un flux de sorties de capitaux des pays émergents, la chute des prix des matières premières, un ralentissement de la croissance des émergents, et par ricochet, une augmentation des spreads de crédits des marches développés et une correction des marchés actions. Le risque de déflation est maintenant perçu par les marchés comme étant plus élevé, comme en témoigne la baisse des anticipations d’inflation et celle du taux US à 10 ans qui est proche de notre cible de fin d’année à 2 %. Dans un tel contexte de hausse de l’aversion au risque, les actions américaines ont surperformé les actions européennes, contrairement à ce que prévoyait un très large consensus.
Nous entrons désormais dans le dernier trimestre de cette année et le mois d’Octobre est un mois crucial. Tout d’abord, toutes les banques centrales des pays développés se réunissent. En chine, il s’agit aussi du mois de la 5ème session plénière dont la date exacte est encore inconnue et où seront abordés deux sujets principaux : le ralentissement de l’économie chinoise et le prochain plan quinquennal. Compte tenu des récentes craintes sur la croissance mondiale, les indicateurs économiques seront étroitement surveillés en octobre. Par ailleurs, les résultats des entreprises seront publiés dans la deuxième partie du mois et fixeront ainsi le ton pour la fin de l’année.
D’abord, il est probable que les autorités japonaises soient les plus agressives. L’indice PMI des nouvelles commandes à l’exportation est tombé à 48 en Septembre, l’inflation est proche de 0 et l’ajustement du marché des devises émergentes a un impact déflationniste très important pour l’économie japonaise. La BoJ tiendra une réunion importante le 30 Octobre où elle va ajuster ses estimations de croissance et plusieurs rumeurs annoncent déjà la possibilité d’un renforcement de la politique budgétaire du gouvernement Abe. Le comité monétaire de la Fed se réunira quant à lui le 28 Octobre et Janet Yellen pourrait profiter de cette opportunité pour guider davantage les marchés. De son côté, Mario Draghi est susceptible de préparer les marchés à plus d’action en décembre même si nous ne pouvons pas écarter qu’il surprenne à nouveau positivement les marchés financiers dès ce mois. Nous nous attendons à une extension de 6 mois du QE qui prendrait donc fin en mars 2017 plutôt que septembre 2016, ajoutant ainsi 360 milliards d’euro au programme de la BCE.
Ensuite, les investisseurs seront à la recherche de signes de stabilisation dans les économies émergentes. En particulier, nous surveillons quotidiennement les données relatives aux sorties de capitaux. Certaines devises asiatiques comme le won coréen, le dollar taiwanais et la roupie indienne ne se sont pas dépréciées cette semaine. Même s’il est encore trop tôt pour savoir si cette période de dépréciation des devises émergentes touche à sa fin, il faut noter que l’indice agrégé des devises émergentes s’est déprécié d’environ 10 %, en ligne avec l’amplitude des 3 dernières corrections de changes émergents depuis 2011. En outre, le comportement du marché pétrolier sera capital étant donné les craintes récentes de déflation. Nous avons été particulièrement pessimistes sur le cours du pétrole depuis le début de l’année. Cependant, maintenant que le Brent se situe autour de notre cible de 45 dollars le baril, nous considérons que les risques autour du prix du pétrole sont désormais plus équilibrés comme en témoigne déjà la fluctuation du baril du Brent entre 45 et 50 dollars au cours du mois de septembre.
Enfin, en Chine, les données économiques et la politique économique seront surveillés de très près. Les données macroéconomiques chinoises se sont montrées décevantes au cours de l’été, surtout pour le secteur manufacturier. Compte tenu de l’explosion de Tianjin et ensuite de la fermeture temporaire des usines autour de Pékin, le PIB du troisième trimestre et la croissance de la production industrielle qui sera publiée le 19 Octobre devraient rester faibles. Il faudra au mieux attendre le mois de novembre avant d’observer des données de stabilisation de l’économie chinoise. Sur le plan budgétaire, la NDRC est aussi susceptible d’accélérer l’approbation de nouveaux projets d’infrastructure. Nous allons également surveiller de près la 5ème session plénière prévue en octobre (les dates précises seront bientôt annoncées). Bien que l’hypothèse d’une relance budgétaire de grande échelle puisse être exclue, un ton plus favorable à la croissance devrait être adopté.
Pour conclure, le mois d’Octobre devrait donner le ton pour la fin de l’année sur le plan des réformes. D’un point de vue négatif, les principaux risques sont une détérioration plus marquée des données manufacturières pour les pays développés, un manque de visibilité accru sur le plan politique et enfin un accident de crédit sur la dette souveraine ou corporate. Inversement, des signes de stabilisation des flux de capitaux émergents et des devises ainsi que davantage de visibilité sur le plan politique et des chiffres plus encourageant pour la Chine pourraient raviver l’appétit pour le risque des investisseurs. Notre indicateur de sentiment de marché (l’OGRI) est dans la zone de pessimisme excessif depuis la fin août. D’un point de vue contrariant, cela veut dire que des nouvelles positives pourraient provoquer un fort rebond des actifs risqués.
Bonne semaine
Pierre-Olivier Beffy
Chef Économiste Exane – BNP Paribas
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