Benoist Rousseau est trader sur les marchés financiers depuis plus de 20 ans. Il est spécialisé sur le scalping des indices Dax 30, Dow Jones 30 et Cac 40 sur CFDs et futures. Il partage sa passion du trading sur son blog boursier appelé Andlil.com.
(DailyFX.fr) – Qu’est-ce que le scalping ?
Je vais tenter d’expliquer ce qu’est le scalping en quelques mots mais c’est difficile car c’est presque une philosophie de vie, en tout cas une culture propre qui possède ses codes, ses références… Le vendredi 30 octobre je participe à la conférence fxcm et je pourrais développer un peu plus longuement sur le scalping.
Le scalping, peu connu des Français
Cela fait maintenant plus de 10 ans que je fais du scalping de manière intensive. En 2004, j’avais lancé mon premier blog pour parler de mon trading et essentiellement de mon scalping et on me posait systématiquement deux questions : c’est quoi un blog ? C’est quoi le scalping ?
En 2004, les Français découvraient à peine ce qu’était un blog alors le scalping… personne n’en avait jamais entendu vraiment parler et cela suscitait avant tout de l’agressivité plutôt que de la curiosité, réaction classique des gens quand ils ne comprennent pas ce que vous faites, j’ai fermé le blog au bout de trois mois pour aller aux États-Unis d’Amérique, là on savait ce que c’était un blog et on scalpait beaucoup car il y avait une très forte communauté de scalpeurs américains, le scalping était quelque chose de tout à fait courant, normal, presque banal.
Un trading à fort volume
À l’époque, j’étais un scalpeur actif, je faisais jusqu’à 1000 lots par jour sur le CAC 40, le Dow Jones, le Nasdaq 100, le S&P500 et bien trop souvent je tradais aussi les indices asiatiques le Nikkei 225 et le Kopsi. Ma journée type commençait le matin à 8h00 avec l’ouverture des marchés européens jusqu’à 22h15, la fermeture des marchés américains. Si je sentais qu’il pouvait y avoir un décalage intéressant en Asie en fonction de la clôture américaine, je dormais quelques heures et je me remettais à trader de deux heures à six ou sept heures du matin. Je scalpais ainsi de manière très intensive, 70 heures à 80 heures par semaine et je faisais une moyenne de 10.000 à 30.000 lots par mois. Cela peut paraitre beaucoup mais des collègues scalpeurs américains faisaient beaucoup plus, (rajouter un zéro), j’étais un tout « petit » aux USA.
Maintenant je me suis bien calmé, l’âge aidant je suis plus sélectif dans mes entrées, je n’ai plus besoin de trader intensivement pour monter un capital, le capital est là, les marchés ont évolué, je ne peux plus scalper le Cac 40 par exemple, il n’est plus « praticable » pour un scalping agressif et surtout je ne suis plus capable physiquement de tenir le rythme. C’est une activité demandant une extrême concentration et rapidité. Une journée intense maintenant pour moi c’est 200 lots, une journée de père tranquille 40 à 50 lots. Hier par exemple, cela a été une grosse journée pour moi, j’ai tradé 414 lots sur le Dax futures.


Cela représente 0.53% du volume total du dax 30 futures sur la journée. Un jour je ferai 1%

Le scalping c’est être rapide
La base même du scalping, son essence c’est d’être rapide. On encaisse rapidement ses gains et on prend rapidement ses pertes. Un scalp idéal fait quelques secondes, rarement plus d’une minute, exceptionnellement 5 minutes mais là on est plus sur du day trading pour un scalpeur. On attend le cours sur un support ou une résistance, une configuration que l’on sait réactive et on agit. Il faut donc être alerte, avoir une bonne station de trading, une excellente connexion internet (fibre idéalement) et scalper des instruments suffisamment nerveux et « bruités ». On ne peut pas tout scalper, certains indices du fait de leur caractéristiques et dynamiques sont impossibles à scalper.
Le scalping a d’énormes avantages
Je ne suis pas sur d’être objectif car le scalping est ce qui me « parle » naturellement et donc mon recul n’est pas évident.
La perte est toujours maitrisée car il n’y a aucun overnight, on contrôle sa perte en permanence, c’est l’obsession du scalpeur, elle ne nous domine pas, les gains sont petits mais nombreux et les pertes réduites.
Il y a toujours un scalp à faire dans les 5 à 10 minutes. On peut ainsi passer quelques scalps, aller se balader, prendre un café, préparer à manger et revenir trader. Ma journée est entrecoupée de dizaines de pause, rater une « occasion » est sans importance, on en aura 10 20 30 40 50 dans la journée, c’est donc un trading peu frustrant, qui vous permet d’avoir une vie dans la journée en dehors du trading mais qui demande des périodes de très grande concentration.
Je privilégie certains horaires où je suis toujours devant mon pc car ce sont des zones plus propices pour scalper : pour les marchés européens de 9h 12h30 et de 15h30 17h00, puis de 20h00 22h sur les marchés américains, le reste du temps c’est bien souvent une autre vie.
Le scalping a des désavantages
Personne ne comprend ce que vous faites, un day trader ou un swing trader peut encore se faire comprendre du grand public, mais le scalpeur… même auprès de gens avertis cela parait souvent obscur.
Le scalping demande une énorme concentration en peu de temps. Entre 15h30 et 16h00 lors de l’ouverture des marchés américains on peut passer parfois 10 20 30 ordres. Ce sont des périodes où on se met en « hyper concentration » et cela est épuisant. C’est pour cela qu’après 30 minutes de scalping intensif, il faut faire un break, c’est le moment de la pause-café car si on persiste la qualité de ses trades va en déclinant. C’est un peu comme un sport de haut niveau qui demande une grande énergie / concentration durant un laps de temps très court. La succession de ses séances de scalping peuvent épuiser et le soir on est juste bon à regarder une télé réalité que l’on aura du mal à suivre.
Il faut désapprendre ses habitudes… c’est très difficile. Le scalpeur se fiche totalement de la tendance générale, de la macro économie… C’est un trading à zéro neurone purement technique (supports résistances, niveaux psychologiques…). La tendance d’un scalpeur c’est les 5 à 15 dernières minutes, on travaille essentiellement en ticks. Donc tous les réflexes que l’on a pu acquérir avant doivent être effacés. Et c’est le plus dur, trader bêtement…
Benoist Rousseau
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