Si vous me lisez depuis suffisamment longtemps, tout d’abord : Merci, parce que je sais que ce n’est pas toujours facile, mais ensuite vous savez que cela fait des mois que je me plains du fait que l’on ne parle que de géopolitique ou de macroéconomie au sens large. Eh bien figurez-vous qu’en ce moment, c’est exactement l’inverse. Cela fait des mois que l’on ne se préoccupe QUE de la Grèce ou QUE de la Chine ou QUE des taux d’intérêts et là, tout d’un coup, depuis quelques jours ; il n’y a plus un chiffre économique intéressant, la Grèce a totalement disparue des écrans radars, la Chine on s’en tamponne le coquillard, c’est vite vu, le seul truc qui semble générer encore le moindre intérêt macroéconomique, c’est la réunion de la BCE ce midi. Et encore, il suffit que le beau Mario ne dise rien ou n’ajoute pas une couche à son QE qui ne sert à rien, pour que l’on balaye le sujet du revers de la main et que l’on retourne à ce qui nous intéresse VRAIMENT ; les chiffres du trimestre.
Ou encore la fameuse résistance du S&P500 à 2040 ainsi que le support qui va avec, à 2000.
Mais il n’y avait pas que ça. Il faut tout de même reconnaître que, même si Ferrari rugissait de 15% et que l’Europe finissait dans le vert, on avait tout de même l’impression que l’ambiance était morose et que nous étions principalement inondés par les mauvaises nouvelles.
En Europe, c’est le Crédit Suisse et Fiat qui tiraient tout le monde en bas. La banque suisse ayant annoncé une augmentation de capital de 6 milliards et des poussières, ça n’avait rien de surprenant. Comme quoi 1600 suppressions d’emplois ne compensent tout de même pas 6 milliards d’augmentation de capital. Le titre perdait près de 4%. Et puis il y avait aussi FIAT.
Pourtant, compte tenu de l’IPO de leur branche « sportive », on aurait pu supposer que ça serait une belle journée pour Fiat. C’était sans compter cette fichue Commission Européenne qui estimait que Fiat bénéficiait d’une taxation illégale au Luxembourg. Fiat reculait de 5% alors que la Commission Européenne faisait le même type de commentaire sur Starbucks qui eux, ne perdaient « que », 0.57%. Visiblement, la préoccupation des investisseurs vis-à-vis des conséquences n’est pas la même si l’on parle de Fiat ou de Starbucks.
Moi je dis ; c’est quand même dommage pour les sociétés européennes. Elles ont un paradis fiscal parfaitement rodé à 1 heure de vol de leur siège et elles ne peuvent même plus l’utiliser parce que cette foutue Commission Européenne met son nez partout et cherche à récupérer du pognon un peu partout pour payer (et justifier) leurs jetons de présence.
Finalement, la seule bonne nouvelle en Europe hier, c’est le départ du CEO de Syngenta qui faisait monter le titre de plus de 6%. Je soupçonne certains vils spéculateurs de racheter l’action suisse en espérant secrètement que le nouveau boss va lancer un coup de fil discret à Monsanto pour dire que « c’est bon, l’autre est parti, on peut recommencer à causer take-over ».
Aux USA, LE TITRE du jour, c’est Valeant Pharmaceutical qui se faisait tout simplement défenestrer. La pharma canadienne, et titre préféré de chez Pershing (le Hedge Fund de Bill Ackman) a été la cible d’une ces nouvelles sociétés de recherche du type « Muddy Waters », des sociétés de recherche qui ne cherchent que des mauvaises nouvelles, des magouilles, des imperfections comptables, histoire de shorter la compagnie en question.
Dès l’ouverture, l’action de Valeant se faisait décalquer de 40% (!!!) touchant un plus bas à 88.50$ – à ce niveau, Bill Ackman aurait acheté un paquet d’actions pour moyenner sa position de 5.7% de la société. Hier il a acheté 2 millions de titres en plus. En fin de journée, alors que Valeant avait démenti les allégations de Citron & Co, le titre reprenait 30$ par rapport aux plus bas.
On sent que c’est un marché de professionnels et qu’ils savent tous ce qu’ils font. En fait, je ne sais pas s’ils savent ce qu’ils font, ce que je sais c’est qu’ils le font TOUS en même temps !!!
Sur la journée d’hier, on s’autorise à penser qu’Ackman aurait perdu (sur le papier) plus d’un milliard de dollars.
Dans la série « Wall Street est une bande de psychopathes avec la réflexion d’une limace écrasée », nous avons également eu les chiffres du trimestre pour Biogen. Grosso modo, la société a battu les attentes du marché ET EN PLUS ils virent 11% de leur staff. C’est donc que du bonheur pour les traders de Wall Street. L’action est donc passée immédiatement de 265$ à 288$. Puis, on a eu des doutes, deux heures plus tard, le titre se traitait en négatif avant de remonter de 15$ et de finir en hausse de 4% à la fin de la journée.
Alors je m’excuse, mais merde ! – je m’excuse. Mais à quel moment ces idiots commencent à réfléchir avant d’investir ? Quelle est la durée moyenne de détention d’une action ? 12 minutes ? Peut-être qu’il faudrait que l’on commence à se rendre compte que si l’on se comporte comme un labrador hyperactif qui vient d’ingurgiter la totalité de votre dernière livraison de capsules Nespresso, on va finir par terminer droit dans le mur. Comment est-ce que l’on peut acheter des actions comme un malade à 288$ tout revendre dans la minute qui suit pour recommencer 45 minutes plus tard. Et il ne faut pas venir me dire que « oui, mais vous comprenez, notre analyste n’avait pas vu les commentaires en petits caractères en bas du powerpoint de présentation de la publication trimestrielle »… Non, la manière dont on est en train de se comporter dans les marchés – et dans ce genre de situation tout particulièrement – est complètement idiote et elle va finir par nous mener droit dans le mur effaçant encore un peu le peu de crédibilité qui reste à un « certain monde de la finance ».
Autrement on notera que WeightWatchers s’est offert encore un effet yoyo, en reperdant 15% hier. Le titre est encore en hausse de 127% pour la semaine, mais on va dire qu’Oprah a pris les profits. Toujours au sujet de la diététique, Coca-Cola a raté son trimestre. En tous cas raté les attentes des analystes. La faute au dollar il paraît. La boisson gazeuse termine en baisse de 0.2%. Heureusement que ce n’est pas une Biotech, sinon elle aurait perdu 27% sur la nouvelle. Boeing a annoncé des profits en hausse de 25%, battant les attentes et terminait en hausse de 1.6%, juste quelques jours après que le CEO de Delta ait déclaré que le marché des « gros porteurs » était une « bulle ».
Western Digital confirme le rachat de SanDisk. Sans surprise. Et puis Lam Research annonce le rachat de KLA-Tencor pour 10.6 milliards. Comme quoi, il y a encore du cash là dehors. Et bien que KLA-Tencor ait terminé la journée ne hausse de 19%, il reste encore 24% de hausse à prendre avant d’atteindre les 10.6 milliards de capitalisation boursière.
L’or ne parvient plus à retrouver la grinta de la semaine passée, le métal a encore perdu quelques dollars à 1166$ et le pétrole, tout le monde s’en fout à nouveau et il joue dangereusement avec les 45$. Ce matin il vaut 45.41$.
Ce matin en Asie, la Chine avance de 0.2%, Hong Kong recule de 0.9%, mais ça ne compte pas, tellement ils ont pris d’avance ces derniers temps et le Japon est en baisse de 0.60%.
Dans les nouvelles importantes du jour, on retiendra que si Marty McFly avait acheté du Nike à la sortie du film, il ferait 46922% de rendement sur son investissement. Quand je vous dis que l’investissement long terme c’est mieux que de jouer à l’hélicoptère en bourse 864 fois par jour.
Le site Marketwatch propose 15 titres pour « jouer » le rallye de fin d’année. Il s’agit de Gilead, National Oilwell Varco, HollyFrontier, Royal Dutch, Ship Fiannce, Tsakos Energy, Newmont Mining, BHP Billiton, Disney, American Outfitters, GE, Amgen, Biogen, Union Pacific et Norfolk Southern. En même temps, il faut croire au rallye et avec un melting pot pareil, il y a une chance sur deux que vos gains épongent vos pertes.
La bonne nouvelle, c’est les autorités US qui vont mettre des barrières en place pour freiner le High Frequency trading. Ce qui me surprend, c’est qu’ils prennent des mesures AVANT que ça nous pète à la figure, c’est étonnant, d’habitude on comprend mieux avec des coups de boule sur le nez.
Goldman pense que l’or va à 1’000 dans les 12 mois. Et quand vous vendrez votre or, vous verrez que, les acheteurs, c’est Goldman Sachs. Selon le CEO d’Uber, la Chine représente 30% des trajets. Pas mal pour un pays qui est exsangue et qui n’a plus de croissance.
Le Barron’s propose un montage d’options pour jouer les chiffres de Google/Alphabet ce soir. En gros short put 640, ce qui veut dire que vous êtes prêts à acheter le titre en cas de repli. Si le titre explose, vous aurez toujours encaissé 36 $ et des poussières par action. Dans le même journal, l’analyse technique estime que oui, il y a une résistance à 2040, mais qu’en bas il y a du support et ce n’est (finalement) pas si risqué d’être « Long » sur le marché.
Et puis le Conseil Fédéral a annoncé hier qu’ils allaient doubler le soutien aux deux banques suisses. En gros, c’est la carte blanche pour tout faire. C’est assez cool de pouvoir faire de « l’entreprenariat » avec un risque zéro et le tout garanti par l’état et nos impôts.
Pour les chiffres de la journée, nous attendrons la BCE de Draghi, BCE qui devrait probablement changer la face du monde. Mais il y aura le French Business Survey, les chiffres de l’emploi en Espagne, le Trade Balance en Italie, les Retail Sales en Angleterre et le Chicago Fed, les prix de l’immobilier, les jobless claims. Il y aura aussi la confiance du consommateur en Europe, mais je crains que noyé au milieu de l’annonce d’un éventuel QE, ça n’intéresse pas grand-monde.
Pour les publications trimestrielles, nous aurons 3M, AT&T, Alphabet (GOOGLE), Altera, Caterpillar, Cypress, Fortinet, Freescale, Juniper, Microsoft, Netgear, Nasdaq, Raytheon, Under Armour et Verisign.
Pour le moment les futures sont en hausse de 0.3%. L’Euro/$ est à 1.1335, le yen vaut 119.71, le rendement du 10 ans est de 2.03%, le Bitcoin s’échange à 264$ et l’Euro/Suisse est à 1.0875.
Voilà, c’est tout pour ce jeudi et c’était déjà beaucoup. Je vous souhaite un excellent début de journée et on se retrouve demain à peu près à la même heure ! Belle journée.
Thomas Veillet
Investir.ch
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“I create, I learn, I grow. I do”
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