C’est la cinquième séance de hausse consécutive à Wall Street, c’est la meilleure série depuis le début de l’année. Et ce n’est pas peu dire.
Pourtant avec tout ce que l’on vient de se prendre en pleine figure ces dernières semaines, cela frôle l’exploit. Et pourtant, c’est presque simple ; on a tellement envisagé le pire, on s’est tellement fait des scénarios pourris dans nos têtes, que maintenant qu’une partie de ces scénarios se réalisent, on n’a même plus peur. C’est une évidence.
En fait, si l’on relit bien la presse de ces derniers mois, on se rend compte que le marché, les investisseurs, vous, moi, eux, les autres, voulaient simplement « SAVOIR ». Nous voulions juste lever l’incertitude concernant la suite des évènements ; monteront ou ne monteront pas les taux ?
Depuis vendredi, cela semble plutôt clair, avec des chiffres de l’emploi pareil, Yellen ne peut tout simplement rien faire. Du coup, le marché a l’impression de finalement « SAVOIR » et du coup, tout semble plus facile. Il n’y a que se mettre devant un écran et se dire : « bon, qu’est-ce que j’achète ? » – Sachant que les obligations rapportent plus de risques de que rewards, tout le monde semble se rabattre soudainement sur les actions qui sont « soudainement pas aussi chères que ça » et puis, forcément, ça monte.
Alors le truc bien, c’est que l’on nous annonce les chiffres de l’emploi les plus pourris depuis au moins 24 mois et les marchés montent, dans la foulée on nous annonce que BP va payer près de 21 milliards d’amende pour se débarrasser de l’histoire du Golfe du Mexique, le titre explose de près de 5% parce « c’est une bonne nouvelle ». On se réjouit de voir la hausse du titre Volkswagen quand ils vont payer une amende plus chère que BP.
En gros, et c’est là que je veux en venir, c’est que le marché est entré dans une phase où tout est une question d’interprétation ; nous avons tellement anticipé le pire, que quand le pire arrive, on se dit : « ouais, bof, on le savait déjà ». Du coup, il ne reste plus qu’à acheter. Alors je vous l’accorde, ce n’est pas forcément un réflexe facile à acquérir, mais il faut reconnaître qu’en ce moment, il est plus facile de faire de l’argent avec une licence en psychologie qu’en économie.
En Europe comme aux USA, c’est le secteur pétrolier/énergie qui a tiré tout le monde à la hausse. Le baril remontait pour une obscure raison qui sera probablement réutilisée dans l’autre sens dans 48 heures et du coup, tout le secteur est parti à la hausse comme si le baril était de retour à 100$.
En Europe il y avait aussi Glencore qui est en plein délire depuis deux séances. Le titre a repris 65% depuis les plus bas de jeudi passé. Vous avez dit « muppet show » ? Non c’est tout simplement un marché de professionnels. Entre les rumeurs de take over qui datent de vendredi et les rumeurs de ventes d’assets, Glencore ne fait plus que monter. Terminé le spectre de la faillite qui pesait sur le cours de l’action la semaine passée, maintenant c’est limite que Glencore, elle va sortir l’iPhone 7 avant Apple !
Et puis les vraies bonnes nouvelles ne cessaient de tomber pour pousser un peu tout et n’importe quoi à la hausse ; les minières remontaient parce qu’elles se sont tellement faites massacrées ces derniers temps. Novartis prenait près de 3% pour un approval de la FDA qui permet de mettre en vente un traitement pour les yeux. Nestlé est en discussion avec une boîte pour faire un « joint venture » dans les marché des crèmes glacées en Europe et en Afrique.
Tenet Healthcare montait grâce au Barron’s et GE était en folie après que l’activiste Nelson Peltz ait annoncé avoir pris une participation de 1% dans la compagnie.
Bref, je vous le dis tout net : TOUT VA BIEN et PUIS MÊME SI TOUT VA MAL, en ce moment on aime bien les MAUVAISES NOUVELLES !!!
Vous voulez encore un exemple ????
Tenez, hier la Banque Mondiale réduit ses prévisions de croissance pour la Chine et l’Asie. – Réaction de Wall Street hier soir : « Ah ben c’est cool, ça veut dire que le gouvernement chinois va devoir lancer un nouveau stimulus !!! » – en effet, le 114ème stimulus de l’année si je ne m’abuse. En fait le mot stimulus accolé au marché chinois permet de faire monter trois fois le marché :
– 1 fois quand on reçoit la mauvaise nouvelle et que l’on se dit que la Chine va se devoir stimuler l’économie
– Une seconde fois quand le gouvernement annonce qu’ils sont en train de réfléchir à s’autoriser un stimulus
– Une troisième fois quand ils l’annoncent vraiment
– Une seconde fois quand le gouvernement annonce qu’ils sont en train de réfléchir à s’autoriser un stimulus
– Une troisième fois quand ils l’annoncent vraiment
Le seul problème, c’est qu’entre deux, on a perdu trois fois 6% parce que la croissance n’était pas top.
Finalement le seul point négatif d’hier, c’est K+S en Allemagne qui perdait 25% parce que Potash renonce à finaliser son take-over de près de 9 milliards.
Pour conclure cette magnifique cinquième séance de hausse consécutive à Wall Street, j’aimerais vous partager ces mots qui sont une douce musique à mes oreilles. Des mots qui ont été articulés hier soir par Kent Engelke, il nous a fait l’honneur de nous annoncer que selon SA méthode, il y avait 65% de chances que le pire soit derrière nous et que le marché ait « tourné le coin »… J’adorerais connaître la méthode de calcul qui nous permet d’arriver à 65% !!!!
Pour le reste, l’or est à 1136$, le pétrole est à 46.28$ et cela fait bien longtemps que je ne suis plus tombé sur un article qui dit que le baril va à 20$. Pourtant cela reste le consensus global, même si, comme hier, on est surpris par la hausse du baril et tout le monde court après.
Dans les nouvelles du jour, le CEO de Dupont part à la retraite et la société réduit ses prévisions – le titre, qui est en baisse de 27% depuis le premier janvier a bien apprécié la « mauvaise nouvelle » et reprenait 4% after close. Vous voyez quand je vous dis que les mauvaises nouvelles se transforment immédiatement en bonnes nouvelles.
On commence à se chauffer pour les chiffres d’Alcoa jeudi soir. Le titre a pris 8% hier soir, va falloir ne pas décevoir. General Mills rappelle des boîtes de céréales Gluten Free qui ne sont pas Gluten Free et puis Google a pris une participation dans Symphony, le nouveau venu sur le marché des « chat » de Wall Street.
Bank of America a baissé son objectif sur le S&P500 pour la seconde fois depuis le premier septembre. Le nouvel objectif est de 2000, contre 2100 en septembre et 2200 avant… Et il faut voir le tableau explicatif.. Fondamentalement ça vaut 2000, selon le « sell side indicator », ça vaut 1991. Selon les « estimates revisions », ça vaut 1947, selon le « LT Valuation Model », ça vaut 1967 et selon le « 12m Price Momentum », ça vaut 1966 – par contre pas un mot sur la méthodologie du « j’égorge un poulet et je fais bouillir son sang et je lis l’objectif dans la vapeur qui s’en dégage », rien non plus au sujet de la lecture des osselets ou des références astrologiques. On voit bien que ça a été bâclé.
Dans les autres nouvelles, on retiendra les photos des responsables RH d’Air France qui se sont fait mettre à poil par les grévistes. C’est pathétique, on atteint des sommets dans la guerre sociale c’est inouï, déjà que la grève chez Air France est devenu plus un sport national qu’autre chose, mais là, ça en devient ridicule. Pendant ce temps, le patron de Glencore accuse les Hedge Funds d’avoir poussé le prix des commodities à la baisse et que c’est tout de leur faute si sa boîte va mal. Après avoir dominé le monde des commodities, voici Caliméro de chez Glencore qui trouve que c’est « trop injuste !!! ». Notez que depuis le temps que l’on entend que les Hedge Funds favorisent la famine dans le monde, personne n’est là pour les applaudir quand ils font l’inverse.
Hillary Clinton a trouvé un nouveau cheval de bataille : « le contrôle des armes », soudainement elle ne parle plus que de cela, on se demande bien pourquoi.
On notera aussi la signature du Trans-Pacific Partnership ou affectueusement appelé TTP. C’est un traité économique entre 10 nations de la zone Pacifique et les USA. Ce deal paraît énorme et le marché à l’air de s’en taper comme de sa première cravate hermès. C’est 5 ans de négociations qui aboutissent et je prends le pari que l’on sous-estime la chose – pour le moment.
Le Barron’s est à nouveau parmi nous avec un titre choc : « Les titres du secteur pétrolier on trouvé le fond, les charts envoient des signaux bullishs ». Bref, faut acheter les pétrolières. Ils publient également un article de Byron Wien qui est moyennement positif sur les actions.
Côté chiffres économiques, nous aurons les Factory Orders en Allemagne, le CPI en Suisse, les prix de l’immobilier en Angleterre, la réunion des ministres des finances européens, le Trade Balance américain et Williams de la FED qui va parler.
Pour l’instant les futures sont en baisse de 0.2%, ils digèrent la hausse de ces derniers jours. Forcément on ne peut pas NON PLUS monter tous les jours jusqu’à Noël.
Pour le moment, l’EURO/Dollar est à 1.1183, le yen vaut 120.48, le Bitcoin s’échange à 239$, le 10 ans US est à 2.04% et l’Euro/Suisse est à 1.0912.
Voilà. C’est tout ce qu’il y a dire ce matin. Visiblement on en sait un peu plus qu’hier et l’ambiance est un peu plus relax. Reste à voir ce que l’avenir nous réserve, et ça, c’est pas encore gagné. En attendant la suite, je vous souhaite une excellente journée et on se retrouve demain à la même heure.
Bon café !
Bonne journée !
Thomas Veillet
Investir.ch
Investir.ch
« Sometimes I wish my dog could talk, but then I remember all the crazy shit he’s witnessed me doing. »
Et soudainement une mauvaise nouvelle devient une bonne nouvelle
Et soudainement une mauvaise nouvelle devient une bonne nouvelle
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