Depuis 1984, la chanteuse Galloise Bonnie Tyler attend son héros. Elle représente depuis la quintessence musicale de la demoiselle en détresse. Au plus obscur de la nuit, quand la situation semble sans issue et que vous avez perdu espoir, vous attendrez peut-être aussi qu’une personne soit assez courageuse et altruiste pour vous secourir au péril de sa vie. Malheureusement, cela impliquerait aussi que vous vous êtes fourré dans une situation si désespérée que la seule issue viendrait d’un Horace ou d’un Audie Murphy. Aujourd’hui, bien des investisseurs en pétrole s’accrochent désespérément à leurs positions, pourchassés par les Bears, et pourraient être entrain de marmonner leur version du tube des années 80.
Comme je chante déjà mal en Anglais, je vous ferais grâce de la traduction. Vous admettrez bien par contre, que les bulls pétrole en ce moment, seraient bien content de voir un héros les secourir… Et ils ont tous les yeux rivés sur l’Arabie Saoudite pour sauver leur portefeuille !
Les héros sont héroïques parce qu’ils sont dévoués à ceux qu’ils protègent. Seul sur son pont, Horace fit face à une armée par patriotisme et amour pour Rome. Les Saoudiens n’ont que faire des bulls. Ils ont raison de ne pas réduire leur production, et ils continueront leurs efforts pour la simple et bonne raison qu’ils sont entrain de gagner ! Leur stratégie est de se débarrasser de leurs compétiteurs les moins efficaces, et la baisse des prix porte ses fruits. La production de pétrole de schiste baisse lentement mais surement. Les puits trop couteux, comme ceux au Brésil ou dans l’arctique sont abandonnés. Pourquoi les Saoudiens changeraient ils de tactique ? Voilà ce qu’en pensent les bulls :
1- Ils ont besoin d’un baril à US$ 100 pour équilibrer leur budget. C’est peut-être vrai, même si personne ne sait vraiment à quoi ce budget ressemble. Ils ont des réserves de cash et peuvent emprunter, et pourraient donc tenir plus longtemps même à des prix plus bas ! En fait, cet argument frise le ridicule. Selon les analystes, le fait d’avoir un déficit mettrait les Saoudiens sous pression, alors que la France, le Royaume Uni, le Japon et les US n’ont pas l’air trop préoccupés par des déficits bien plus monstrueux.
2- Si la baisse des prix continue, elle réduira les investissements et risquera de provoquer une hausse des prix plus tard… C’est une blague ? L’OPEP veut justement une réduction des investissements pour provoquer une hausse des prix ! C’est leur objectif, et non un inconvénient.
3- Un autre producteur va les convaincre ! Ah bon ? Et comment ça ? Quel pays à la confiance / les moyens de pression / l’influence nécessaire à faire changer les Saoudiens d’avis ? Surtout, les Saoudiens ne savent que trop bien qu’un tel pays, comme le Venezuela, aurait des motifs peu altruistes.
Le Gouvernement Saoudien est dévoué à une seule cause : la sienne ! Il fera tout ce qui est nécessaire pour protéger l’économie nationale. D’ailleurs, on peut même dire qu’il se comporte déjà avec héroïsme en bravant la baisse des prix pour assurer l’avenir de son peuple ! Pourquoi il se sacrifierait pour l’économie Russe ou les investisseurs en pétrole me dépasse. C’est très simple, L’OPEP et les Saoudiens continueront sur leur lancée et seront victorieux. D’ailleurs, la production de l’OPEP en Septembre a pris 110,000 barils jour, et l’Irak prévoit d’augmenter sa production en 2016. Le Parlement Iranien a approuvé l’accord nucléaire, et l’Iran sera bientôt de retour sur le marché. Même le Mexique, qui n’est pourtant pas un membre du cartel, a déclaré qu’il ne couperait pas la production. Ils sont rationnels, et avec un surplus de 2 millions de barils, ils savent que toute réduction ne serait qu’une part de marché offerte à leurs compétiteurs.
Certains d’entre vous ne sont peut-être pas d’accord avec mon raisonnement. Certains pensent peut-être que mes théories ne font pas de sens. Heureusement pour moi, il vous suffit de jeter un œil sur le marché du Cuivre pour trouver un exemple. Rio Tinto et BHP Billiton ont tous deux annoncé cette semaine qu’ils augmenteraient leur production. Le Financial Times rapporte que les deux compagnies ont déclaré qu’il « serait illogique de réduire la production et laisser une part de marché à leurs rivaux moins compétitifs ». Si vous répondez que Glencore coupe bien sa production de Zinc, c’est que vous n’avez pas saisi : Glencore EST un des rivaux moins compétitifs ! Donc le marché du cuivre ne verra pas de sacrifice héroïque non plus.
Du côté de la demande, il y a quelques espoirs de changement. Nous l’avons mentionné à maintes reprises et d’ailleurs, je pense que nous sommes parmi les plus optimistes dans notre prédiction de retour à la croissance. Nous pensons que la saison de la gazoline 2016 signalera le retour des bulls, alors que beaucoup renvoient à 2017 le moment où la demande rattrapera l’offre. Nous sommes donc loin du moment d’acheter. Comme nous le disions la semaine dernière, c’est bien trop tôt. Pour souligner à quel point c’est le cas, l’AIE prévoit maintenant que le taux de croissance de la demande baissera à 1.2 millions de barils jour en 2016 alors qu’il serait à 1.8 en 2015. Ceci serait dû aux inquiétudes sur l’économie mondiale et des statistiques Chinoises peu encourageantes. Il se pourrait donc que même Magma soit trop tôt !
Si nous regardons les marchés en général, nous devons admettre une certaine inquiétude. Il nous semble que toutes les stratégies haussières du moment reposent sur l’espoir d’une intervention divine ou sur un acte héroïque. Sorti de nulle part, quelqu’un viendra bien nous sauver ! Le pétrole attend l’OPEP, les métaux attendent BHP, les actions et les bons du trésor attendent la FED… Ne reste-t’il pas une vraie stratégie quelque part ?
Comme on parle d’héroïsme, j’espère que vous m’avez écouté la semaine dernière et que vous n’avez pas tenté le lancement vers l’espace. Les prix chutent depuis Lundi, et cette semaine, l’EIA rapporte une augmentation des stocks de brut de 7.56 millions de barils. Cela devait bien arriver au fur et à mesure que les raffineurs partent en maintenance. Les prix sont revenus à leurs niveaux de départ, et ils risquent de ne pas s’arrêter là, vu que nous devrions avoir encore 4 à 6 semaines d’augmentation des stocks devant nous. Nous sommes toujours longs du Brent contre le WTI, mais nous avons roulé la position en décembre. Nous pensons que le Brent devrait aller vers US$ 4 au-dessus du WTI. Nous continuons à être short du Nov-Dec WTI, et nous gardons la position car nous pensons qu’elle bougera en notre faveur à l’expiration depuis les US$ 0.55 ou elle se trouve actuellement. Le Contango devrait s’accentuer car le marché physique est de pire en pire. Nous maintenons notre objectif d’US $ 32.20 pendant la période des maintenances.
Les Stocks de distillats ont baissé de 1.52 millions de barils cette semaine ce qui est de saison. Pourtant, la production surpasse toujours la consommation, et les exports vers l’Europe vont bon train. C’est pour cela que la marge baisse et a atteint US$ 16 par baril. Nous n’avons pas vendu, car nous pensions, et pensons toujours qu’il vaut mieux rester prudent.
Les stocks de gazoline ont perdu 2.62 millions de barils et se trouvent dans la même situation que les distillats. Les stocks sont en baisse, mais la production est plus que suffisante, et la marge se languit à US$ 8.4. Vu que les raffineurs baissent le rythme, ça m’a l’air d’un achat. Comme le décembre est moins cher à US$ 8.25, j’en ai acheté. Avec un peu de chance, les stocks de gazoline baisseront alors que ceux de brut augmentent, favorisant ainsi ma position.
Le raffinage entre en mode repos, mais il semble qu’il reste assez d’activité pour subvenir aux besoins US tout en continuant à exporter. Comme nous le suspections, les bulls sont pris entre des stocks de brut en augmentation rapide et des stocks produits qui baissent à peine. Cet hiver on risque de nager dans les produits !
Vous trouverez ici-bas nos graphes habituels. Ils représentent l’évolution des stocks de brut, gazoline et distillats (heating oil, diesel et jet fuel), ainsi que les niveaux de raffinage. Ces graphes montrent l’année en cours par rapport au plus haut/ plus bas des cinq années qui la précèdent. Ils sont publiés par l’EIA de manière hebdomadaire, et sont utilisés par les traders pour analyser l’offre et la demande. L’échelle est en milliers de barils sur les 52 semaines qui composent l’année
STOCKS DE BRUT US
Les stocks commerciaux US: on repart vers l’espace (Source: EIA)
RAFFINAGE US
Le raffinage : ça a bien baissé (Source: EIA)
STOCKS DE DISTILLATS US
Stocks de Distillats… dans la norme (Source: EIA)
STOCKS DE GAZOLINE US
Les stocks de Gazoline…hauts mais en baisse (Source: EIA)
Mohab Kamel
Magma Oil Sàrl.




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